Les installations de panneaux solaires sur les façades des maisons, comme ici en Allemagne, restent rares en Belgique.

Installer des panneaux photovoltaïques… en façade: dans quels cas cette alternative émergente est pertinente (ou pas)

Les panneaux solaires restent majoritairement installés sur les toitures. Les façades des bâtiments offrent une alternative possible, même si de nombreux freins subsistent. Des solutions émergent, mais restent encore trop onéreuses pour les particuliers.

En 2024, le solaire a franchi un cap historique en Belgique. Avec 8,3 TWh d’électricité produits (un record: +15,7% par rapport à 2023), le photovoltaïque a représenté 11,9 % du mix électrique national, selon les données du gestionnaire de réseau Elia. S’ils ne sont pas encore disponibles, les chiffres pour 2025 pourraient être encore plus élevés, alors que des records de production d’électricité issue de l’énergie solaire ont été battus en juin (1.377 GWh, première source d’électricité dans le pays) et en juillet (1.295 GWh). Pour les particuliers, l’immense majorité de la production provient des panneaux solaires installés sur leur toit. Et bientôt sur les… façades? L’alternative se développe.

Panneaux photovoltaïques en façade: un rendement moins efficace

Dans un contexte de densification urbaine, de hausse des prix de l’énergie et d’objectifs climatiques toujours plus ambitieux, les installations photovoltaïques en façade restent pour l’instant une solution rarement approfondie, du moins en Belgique. Plusieurs entreprises spécialisées ne proposent pas cette possibilité. «On pourrait, car ce n’est pas très compliqué: généralement, il suffit d’installer des rails pour y accrocher les panneaux. Mais ça n’a quasiment jamais été demandé par nos clients», explique Patrick Legrand, CEO de Dr-EcoEnergy, entreprise spécialisée dans les solutions d’énergie renouvelable. Il faut dire que la façade d’une maison n’est pas le premier endroit auquel on pense au moment d’imaginer une installation photovoltaïque chez soi. Et ce alors que des toitures peuvent parfois se révéler incapables d’en recevoir, pour diverses raisons, comme des contraintes urbanistiques ou une structure ne le permettant pas.

«Plusieurs éléments doivent être pris en considération si l’on veut installer des panneaux photovoltaïques sur la façade de son domicile, souligne Charles Julian, conseiller énergie chez Homegrade, le centre de conseil et d’accompagnement sur le logement privé en Région de Bruxelles-Capitale. Le premier, c’est la question du rendement. Les panneaux produisent de l’électricité sur base de l’ensoleillement qu’ils reçoivent et de la luminosité. Des panneaux photovoltaïques en façade auront donc un rendement plus limité, notamment quand le soleil est à son zénith», explique-t-il, évoquant une perte de rendement pouvant aller jusqu’à 40% par rapport à des panneaux installés sur un toit, malgré les améliorations techniques perpétuelles.

«Ce sont souvent des installations verticales, donc avec moins d’efficacité. Il n’y a pas d’incompatibilité technique, mais on va plutôt pousser les personnes à les installer en toiture, où l’exposition est bien meilleure», confirme Jean-Bernard Cuvelier, responsable stratégie/transition et énergies renouvelables chez Techlink, la fédération des professionnels actifs dans le secteur des installations techniques et de la gestion de l’énergie. «Le retour sur investissement environnemental et financier est vraiment à calculer», ajoute Charles Julian, conseillant de se rendre sur PVGis, un outil européen en ligne, gratuit, permettant de vérifier le potentiel énergétique de son installation photovoltaïque selon son inclinaison.

Permis d’urbanisme

Autre écueil à ne pas négliger: ce type d’installation sur une façade nécessite logiquement une demande de permis d’urbanisme. «Ces panneaux sont généralement visibles depuis l’espace public. Ce n’est pas garanti que l’urbanisme le permette, plusieurs conditions sont à remplir et dépendent du lieu d’habitation», souligne Charles Julian. Même dans un immeuble, si vous voulez installer un panneau solaire d’une certaine taille sur votre balcon, les questions de copropriété entrent en compte. Il faut bien vérifier les règlements d’ordre intérieur.»

Enfin, des points techniques restent importants, avec la nécessité de brancher ces panneaux solaires à une prise électrique et de les «accrocher»: cela peut être via un garde-corps ou sur des équerres fixées sur la façade. Les panneaux plug-and-play, dont la vente est autorisée depuis avril dernier en Belgique, peuvent être une solution. Mais selon L’Echo, ils rencontrent un succès mitigé en Wallonie (où il est obligatoire de les déclarer), probablement en raison de leur puissance plutôt limitée et d’autorisations parfois complexes à obtenir.

«Il ne faut pas oublier de contacter son assurance, pour être sûr qu’elle prenne bien en charge les éventuels dégâts causés en cas de chute du panneau», ajoute Charles Julian, mesuré quant à l’idée d’installer des panneaux photovoltaïques sur la façade d’une maison. «C’est mieux de les mettre à un endroit où cela a du sens. Les panneaux à la verticale peuvent produire un peu plus d’électricité le matin ou le soir par rapport à ceux placés sur un toit, mais c’est très ponctuel. Sur la globalité de la production annuelle, le rendement est plus faible. Ce serait dommage que des personnes paient pour en installer et les enlèvent à cause du rendement, au lieu de se dire que cela peut venir de leur installation. À Bruxelles par exemple, des panneaux solaires bien installés sont rentables en six ou sept ans.»

La rentabilité reste l’un des principaux freins à ce genre d’installation, confirme Patrick Legrand. «Quand vous avez une maison unifamiliale en ville, il n’y a pas toujours beaucoup de place verticalement pour accueillir des panneaux, avec les fenêtres par exemple. Le côté esthétique de ces panneaux peut aussi refroidir certaines personnes à l’idée de les installer à des endroits visibles sur leurs murs», explique-t-il, tout en imaginant toutefois ce genre d’installation se développer. «Il va y avoir une course à la production électrique, voire au système D, car le réseau d’énergie n’arrive pas à suivre toute la demande. Au coût actuel, avec leur prix qui a chuté par rapport aux dernières années, cela reste très rentable d’installer des panneaux solaires.»

Le BIPV, solution d’avenir pour les panneaux photovoltaïques en façade?

Un constat que partage Michael Daenen, professeur en technologie de l’ingénierie à l’université de Hasselt, spécialisé dans les énergies vertes. Qui va même plus loin: «La production de panneaux solaires double tous les trois ans, leur prix continue de baisser et leur durée de vie augmente. C’est donc logique de tenter de trouver de la place où les mettre.» Des panneaux en façade peuvent ainsi très bien être installés en complément d’une installation sur le toit. «En hiver, quand l’ensoleillement est très bas, des panneaux solaires peuvent se révéler plus efficaces pour « récupérer » les rayons bas du soleil, que n’atteignent pas autant les panneaux en toiture», ajoute Jean-Bernard Cuvelier, pour qui ce genre d’installation «peut être intéressante pour des personnes cherchant à pousser la performance énergétique de leur bâtiment le plus loin possible, afin d’avoir un maximum d’autonomie».

Pour le côté esthétique, des solutions existent là aussi, avec des entreprises proposant des solutions photovoltaïques intégrées au bâtiment, ou BIPV (Building Integrated Photovoltaics): ces panneaux sont conçus pour intégrer ou remplacer directement des éléments du bâtiment (façades, brise-soleil, bardages…), sans compromis visuel. «Il existe de très beaux exemples de façades photovoltaïques», souligne Michael Daenen, dont les recherches portent sur ce sujet. «Le panneau BIPV doit être esthétiquement plaisant, remplir la fonction première de la tuile ou de l’élément qu’il “remplace” et être facile à installer. Il doit également posséder d’autres fonctionnalités, comme certaines propriétés isolantes. Mais il s’agit encore d’un produit de niche, sur un marché restreint, et ces solutions sont souvent plus onéreuses que des installations photovoltaïques classiques.»

Ce qui explique pourquoi peu de particuliers peuvent encore s’offrir des maisons neuves intégrant des panneaux BIPV ou rénover leur logement avec ces éléments, visibles sur de plus en plus de bâtiments modernes, même en façade. «Le BIPV est surtout utilisé pour des projets spécifiques, où l’architecte réfléchit d’emblée à une meilleure intégration du photovoltaïque», précise Jean-Bernard Cuvelier.

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«Il faut prendre en compte l’esthétisme et l’impact que cela peut avoir sur le paysage, mais le BIPV est parfois plus intéressant en façade sur des immeubles ou des bâtiments de grande hauteur, car leur toiture est plus petite que leur façade», illustre Michael Daenen, optimiste quant à l’avenir de cette solution : «De plus en plus d’entreprises proposent cela dans leur catalogue. Avec la concurrence, les prix vont baisser et de plus en plus de personnes pourront en bénéficier.» Jean-Bernard Cuvelier reste lui plus mesuré sur la démocratisation de cette solution: «Je ne sais pas si le BIPV rencontrera le même succès que les panneaux solaires classiques, beaucoup plus faciles à installer. En tout cas, pour l’instant, les installations de ce genre n’ont pas explosé à Bruxelles ou en Wallonie.»

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