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Le glyphosate dope la sécrétion de toxines chez le crapaud

Le Vif

L’exposition à un herbicide à base de glyphosate, l’une des substances les plus utilisées au monde, soupçonnée d’être cancérogène, est bénéfique pour les têtards de crapauds, selon une étude: elle stimule la sécrétion de matières toxiques, leur permettant d’échapper aux prédateurs.

Les expériences menées par une équipe de chercheurs de Hongrie ont montré que les animaux exposés au glyphosate « contenaient des quantités de +toxines naturelles+ plus importantes que celles qu’ils produisent et stockent normalement dans leurs organismes pour dissuader les prédateurs », explique à l’AFP Veronika Bokony, l’un des auteurs de l’étude.

« Beaucoup d’animaux utilisent des substances chimiques comme moyen de défense contre leurs prédateurs et les maladies », rappellent les auteurs de l’étude, parue mercredi dans la revue Proceedings B de la Royal Society.

Comprendre les effets des polluants chimiques sur ce mode de défense est d’autant plus utile pour les amphibiens qu’ils y sont particulièrement vulnérables à cause de la perméabilité de leur peau.

Selon les chercheurs, l’exposition des têtards de crapauds communs (Bufo bufo) à un herbicide à base de glyphosate a entraîné une augmentation de la quantité de bufadiénolides qu’ils sécrètent.

Les bufadiénolides sont les principaux composants de la substance toxique défensive des crapauds.

On les trouve naturellement dans quelques plantes et animaux. Ils « ont mauvais goût, et sont toxiques quand ils sont ingérés en grandes quantités », explique Mme Bokony. De ce fait, « ils fournissent une protection aux plantes et aux animaux qui les stockent dans leur organisme ».

Plus la quantité de bufadiénolides est importante, plus la toxicité est élevée, selon des études antérieures menées sur plusieurs espèces de crapauds.

« Si des pesticides rendent les crapauds plus toxiques, l’équilibre proie-prédateur et la structure de communautés naturelles en eau douce aussi bien que sur terre peuvent être altérés », souligne la chercheuse.

« Comprendre les effets secondaires de l’usage d’un pesticide est un défi scientifique considérable, en cette période de pollution de l’environnement », relève-t-elle.

Le glyphosate, présent dans les pesticides les plus utilisés dans le monde comme le Round Up de Monsanto, est classé « cancérogène probable » par une agence de l’ONU.

La Commission européenne a relancé la procédure pour le renouvellement de la licence du glyphosate dans l’Union européenne, après l’avoir prolongée jusqu’à fin 2017.

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