Haruko Obokata © Reuters

La tragique histoire d’une chercheuse déchue

Le Vif

La jeune chercheuse japonaise Haruko Obokata, accusée d’avoir falsifié les résultats de travaux de recherche sur les cellules, reconnaît dans un livre publié jeudi avoir été dépassée par les événements, laissant même entendre avoir été manipulée par des chercheurs vétérans.

« Je n’ai pas pu expliquer plus tôt », regrette-elle avant de s’excuser et de reprendre toute l’histoire dès le début. Elle livre ainsi, au fil de quelque 250 pages, des détails inconnus sur cette saga tragique qui l’a vue passer du statut de jeune star de la science à celui d’affabulatrice.

Il y a tout juste deux ans, Haruko Obokata avait présenté sa méthode chimique de création de cellules revenues à un stade quasi embryonnaire. Le surlendemain, ses travaux étaient publiés dans la revue scientifique Nature. Elle y expliquait comment créer ces cellules indifférenciées et capables d’évoluer en divers organes ou tissus à partir de cellules matures, par un procédé chimique de stress inusité et relativement simple en apparence.

La découverte des cellules Stap était alors considérée comme extraordinaire et potentiellement révolutionnaire pour le développement de la médecine régénérative.

Mais quelques jours après la publication dans Nature, des soupçons sont nés sur la véracité des données censées prouver ses dires.

Une commission d’enquête de l’institut public Riken a conclu à la contrefaçon de visuels, et de facto remis en cause l’ensemble des éléments présentés. Nature a fini par annuler les deux articles publiés.

Sur tout ce déroulé complexe, la chercheuse insiste: elle n’était pas à la manoeuvre, elle suivait les conseils voire les consignes de ses aînés, Teruhiko Wakayama et Yoshiki Sasai, ceux qui l’ont aidée lors des travaux et pour la rédaction des documents.

A maintes reprises, elle cite ces derniers prenant des décisions à sa place, voire malgré son avis contraire.

Mais, selon elle, elle n’a pas eu l’occasion d’expliquer ensuite, d’autant moins que le silence s’est imposé après le suicide du professeur Sasai, retrouvé pendu un jour d’août 2014, dans un centre de recherche du Riken à Kobe (ouest) où les deux étaient employés.

Elle a démissionné fin 2014 après que cette institut a conclu à l’inexistence des cellules Stap.

Ayant fait l’objet d’un lynchage médiatique (comme cela arrive assez fréquemment au Japon pour des personnalités soupçonnées d’avoir fauté), elle dénonce aussi des pratiques journalistiques allant selon elle jusqu’à des menaces et du chantage.

Le livre publié par la grande maison d’édition Kodansha s’est hissé immédiatement jeudi à la première place des ventes sur Amazon.

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