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La deuxième catastrophe du Titanic

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

L’épave du Titanic, qui repose dans les abîmes quelque part entre Southampton et New York, va bientôt se désintégrer, selon les scientifiques.

En novembre, il y aura 20 ans que le monde découvrait l’idylle de Rose et Jack sur le célèbre Titanic ressuscité par James Cameron. Le public avait également découvert l’une des plus fidèles reconstitutions du paquebot et du drame qui avait vu sombrer 1500 âmes dans les abysses de l’océan Atlantique.

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Aujourd’hui, certains chercheurs affirment que l’épave la plus célèbre du monde pourrait totalement se désintégrer durant les 20 prochaines années. La faute à une bactérie particulièrement vorace, rapporte la BBC.

L’épave a été découverte en 1985 par Robert Ballard, un océanographe de l’Université de Rhode Island, à Narragansett. Ce qui est moins connu concernant cette découverte, c’est qu’elle est survenue par hasard alors que Ballard faisait partie d’une mission secrète de la marine américaine à la recherche de deux sous-marins nucléaires datant de la guerre froide. Il se trouve que le Titanic se trouvait juste entre les deux.

Au moment de cette remarquable découverte, l’épave engloutie à 3800 mètres sous le niveau de la mer était parfaitement conservée. À l’abri de la lumière et soumise à une pression écrasante rendant la zone inhospitalière à la plupart des formes de vie et ralentissant sa corrosion.

Mais la coque a depuis été colonisée par une bactérie mangeuse de métal qui dévore tout sur son passage. Les chercheurs estiment qu’il lui faudra moins de vingt ans pour finir le travail.

En 1991, des scientifiques ont récolté des échantillons de formation de rouille suspendue au navire. En les analysant, ils ont découvert qu’ils grouillaient de vie. Mais ce n’est qu’en 2010 qu’un autre groupe de chercheur s’est intéressé à l’échantillon et a tenté de déterminer de quelle vie il s’agissait. L’équipe de Henrietta Mann a découvert qu’elle était face à une bactérie encore inconnue. Elle a été baptisée « Halomonas titanicae ».

Les recherches autour de cette bactérie ont permis découvrir pourquoi l’eau est un élément indispensable à l’apparition de la vie.

H. titanicae n’est pas la seule bactérie qui aime coloniser les épaves. Différents types de microbes colonisent les bateaux presque immédiatement après qu’ils aient touché les fonds marins. Ces bactéries constituent rapidement un film gluant et collant sur toute la surface disponible, appelé « biofilm ». Les épaves deviennent alors un havre pour les coraux, les éponges et les mollusques, qui à leur tour attirent les animaux plus grands. Très rapidement, elles se transforment en une sorte de récif artificiel, abritant pléthore de vie.

« Au début, le navire va se corroder alors qu’il est en contact avec l’eau de mer, mais à mesure que les microbes colonisent l’épave, ils commencent à former un biofilm qui forme une couche protectrice entre le navire et l’eau de mer », explique Melanie Damour, archéologue marine à la Florida State University.

Cela signifie que n’importe quel impact mécanique sur la carcasse peut endommager cette couche protectrice naturelle et exposer à nouveau le métal à l’eau et au risque de corrosion.

Mais ce n’est pas la seule menace pour les épaves. En 2010, la catastrophe de Deepwater Horizon, qui a déversé des millions de litres de pétrole dans le Golf du Mexique, a accéléré la corrosion des épaves, car il a tué les bactéries protectrices.

Le bilan est alarmant. Plus de 2.000 navires coulés se trouvent dans les fonds marins du Golfe, y compris les navires espagnols du XVIe siècle jusqu’aux ruines d’un U-boat de la Deuxième Guerre mondiale. Ces épaves sont des monuments historiques importants qui donnent un aperçu unique du passé. Ils fournissent également un foyer pour la vie en eau profonde.

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