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L’euthanasie, une fin de vie anticipée par 15000 Belges

En Belgique, le nombre de demandes anticipées relatives à l’euthanasie ne cesse de croître depuis le 1er septembre 2008. Malgré tout, la SPF Santé Publique estime que ce chiffre reste trop faible.

Lorsque la fin de vie approche, soulager la douleur reste une priorité pour beaucoup. La Belgique fait partie des rares pays européens, avec les Pays-Bas et le Luxembourg, à avoir autorisé l’euthanasie. La loi date de 2002 dans le pays. Quant aux demandes anticipées, leur existence remonte seulement à septembre 2008 et reste peu répandue. Mais attention, il ne faut pas confondre « demande anticipée » et « simple demande d’euthanasie ».

Une simple demande d’euthanasie s’adresse aux patients atteints de maladies incurables dont les souffrances sont difficiles à apaiser. Dans ce cas, une demande écrite de la part du malade suffit. La démarche doit être volontaire, réfléchie et effectuée sans pression extérieure.

En revanche, une demande anticipée autorise l’euthanasie pour les personnes plongées dans un coma irréversible. « Cette déclaration ne peut être prise en compte que si est seulement si le patient est en état d’inconscience jugé irrémissible par le médecin », explique Jacqueline Herremans, directrice de l’association pour le droit de mourir en dignité. Cette condition ressort d’une réponse écrite de la ministre de la Santé publique Laurette Onkelinx.

Depuis 2 ans, la Belgique a comptabilisé 15144 demandes anticipées relatives à l’euthanasie. « Ces requêtes sont renouvelables tous les 5 ans et nécessitent deux témoins. En plus, deux personnes de confiance peuvent être nommées, mais ce choix est facultatif », explique Jacqueline Herremans, également membre de la Commission euthanasie.

Ainsi, depuis le 1er septembre 2008, tout citoyen peut se rendre dans sa commune pour y faire enregistrer une déclaration anticipée relative à l’euthanasie. Aujourd’hui, le nombre de demandes d’enregistrement est constant et varie entre 200 et 250 par semaine. « La majorité de ces mandements concerne des femmes (62%) généralement âgées de plus de 60 ans », déclare Jacqueline Herremans.
En 2009, sur les 822 personnes euthanasiées, 22 l’ont été sur base de demande anticipée. Autre phénomène : ce sont les néerlandophones les plus demandeurs.

Selon la ministre Onkelinx, il est trop tôt pour tirer des conclusions de ces chiffres. La ministre espère améliorer le système et le rendre plus accessible. Toutes les informations nécessaires peuvent être obtenues sur le site du SPF Santé publique. Quant à Jacqueline Herremans, elle rêve que les procédures soient simplifiées : « A l’heure actuelle, ces demandes anticipées ressemblent à un parcours du combat ».

Un autre problème se pose, peu de gens connaissent l’existence de ce type de formulaire. Une circulaire explicative destinée aux communes est donc en préparation. La ministre envisage même de subventionner les organisations actives dans la diffusion d’informations sur l’euthanasie.

Jacqueline Herremans table elle aussi sur la propagation de ces demandes. Elle y voit un acte citoyen important : « les gens sont amenés à côtoyer les administrations communales. Outre les questions d’euthanasie, ils sont éclairés sur d’autres sujets tels que le don d’organes. Cette démarche gagne donc à être connue ».

Sarah Bourhis, avec Belga

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