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Un antidiabétique pourrait aider à guérir durablement une forme de leucémie

Un médicament contre le diabète associé à un traitement standard pourrait être la solution pour se débarrasser durablement d’une forme de leucémie, selon les travaux d’une équipe française.

La leucémie myéloïde chronique (LMC), qui représente 15 à 20% des leucémies est une maladie à évolution lente qui affecte les cellules souches de la moelle osseuse mais qui reste pour l’heure sans traitement définitif. Des chercheurs de l’Institut des Maladies Émergentes et des Thérapies Innovantes (iMETI) de Fontenay-aux-Roses, près de Paris affirment avoir mis au point une nouvelle thérapie qui, en éliminant les cellules souches cancéreuses, permettrait de supprimer durablement la maladie, selon le CEA, maison mère de l’iMETI.

Les travaux publiés mercredi dans la revue britannique Nature, « représentent un solide espoir de guérison définitive pour les malades atteints de LMC », explique cet organisme public de recherche. Le traitement standard actuel contre la LMC repose sur l’imatinib (Glivec), molécule performante pour éliminer la masse tumorale et museler durablement la maladie, mais ayant peu d’effet sur les cellules souches leucémiques (CSL) « à l’origine de la maladie et des rechutes ». Aussi, ce type de leucémie « ne se résorbe jamais vraiment » et « oblige le patient à suivre ce traitement à vie », souligne le CEA.

Le Dr. Stéphane Prost et ses collègues de l’iMETI ont découvert comment cibler spécifiquement les CSL, en se servant d’un « simple médicament nouvellement utilisé pour traiter le diabète de type II, lapioglitazone ».

Un premier essai a été mené avec le Pr Philippe Rousselot de l’Hôpital Mignot de Versailles sur des patients diabétiques atteints de LMC. Puis un essai clinique a été mené sur 24 patients souffrant de manière « résiduelle » de LMC malgré le traitement par imatinib. Ils ont pris un traitement combiné d’imatinib et pioglitazone sur 9 mois en moyenne, a précisé le Pr Rousselot lors d’une conférence de presse.

Après cette période, 57% d’entre eux étaient en rémission complète contre « seulement 27% » pour le groupe témoin traité avec seulement l’imatinib. Les trois premiers patients traités restaient en rémission totale pratiquement cinq ans après l’arrêt de la pioglitazone.

Un nouvel essai « en double aveugle » (avec tirage au sort des patients) pour tester cette bithérapie sur plusieurs années, devrait démarrer en fin d’année, a précisé le Pr Rousselot.

Dans un commentaire indépendant diffusé par Nature, les spécialistes Tessa Holyoake et David Vetrie (Université de Glasgow) jugent en effet que des « tests cliniques supplémentaires » sont nécessaires pour s’assurer du rôle bénéfique de la pioglitazone mais cette recherche pourrait signer « le début de la fin » pour les cellules cancéreuses dormantes responsables des rechutes.

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