. © iStockphoto

Les cancers de la gorge et de la bouche liés au papillomavirus augmentent chez les hommes

Parmi les nouveaux cas de cancers oropharyngés (de la bouche et de la gorge) recensés chaque année en Belgique, au moins 25% sont causés par le papillomavirus humain (HPV), selon un communiqué de la Vaccine Academy, lancée par le laboratoire MSD Belgium.

Ce type de cancer, dont le nombre a bondi de 40% en 10 ans, touche trois fois plus d’hommes que de femmes. Pour le docteur Marc Remacle, ORL et professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), une couverture vaccinale optimale des jeunes permettrait d’éliminer ce type de cancer dû au papillomavirus en 10 à 15 ans.

« Si on commence à bien connaître le lien entre papillomavirus et cancer du col de l’utérus, celui entre papillomavirus et cancer oropharyngé » reste méconnu et sous-estimé, indique mardi le professeur Remacle, contacté par Belga. « Alors qu’au sein de nos départements, nous constatons une véritable épidémie de ces cancers dus au HPV chez les hommes. » Chaque année, 688 nouveaux cas sont détectés en Belgique, dont 512 chez l’homme. De plus, ce type de cancer se manifeste 15 à 20 ans après la contraction.

A l’échelle mondiale, si les cancers ORL ne représentent que 5 à 6% de l’ensemble des cancers, ceux causés par le HPV deviennent prédominants (60%). A ce rythme, le nombre de cancers de la bouche et de la gorge liés au papillomavirus risque même de dépasser celui des cancers du col de l’utérus d’ici 2020, souligne le communiqué, rédigé dans le cadre de la semaine de la vaccination (du 24 au 29 avril).

La hausse des cas peut être liée au fait que le virus est devenu plus agressif mais aussi aux changements de comportements sexuels depuis les années 1960, ainsi qu’à une « sous-information », y compris dans le monde médical.

Le papillomavirus se transmet lors de rapports sexuels de toute nature et est favorisé par les contacts orogénitaux, rappelle Marc Remacle. Quasiment tous les hommes et femmes sexuellement actifs contracteront le virus à un moment donné mais, si le système immunitaire l’évacue dans la majorité des cas, il peut se développer dans l’organisme. Ce virus, extrêmement contagieux, cause en Belgique 1.094 cancers par an.

La vaccination est donc idéale avant tout rapport sexuel. Cela dit, « même en cas de contamination clinique, il y a tout intérêt à administrer le vaccin, car il apparaît que l’agressivité du virus est diminuée ».

Pour le spécialiste, une « couverture optimale » de vaccination devrait être de 100%, « à l’instar de la rougeole, la coqueluche ou le tétanos » car « tout jeune peut entrer en contact avec le HPV ». « Sinon, il y aura toujours un des partenaires qui peut être infecté et le développer », pointe Marc Remacle. Le taux de couverture en Fédération Wallonie-Bruxelles (30%) reste également « insuffisant » pour éviter la transmission du virus.

En Belgique, toutes les jeunes filles de 12 à 18 ans bénéficient du remboursement de ce vaccin. Dans un avis rendu l’an dernier, le Conseil supérieur de la Santé (CSS) préconisait d’élargir la prévention vaccinale contre les infections à papillomavirus humain (HPV) aux garçons entre 9 et 14 ans.

Contenu partenaire