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La phobie sociale, mal du siècle

Stagiaire

Après la dépression et l’alcoolisme, la phobie sociale serait le troisième trouble psychologique au monde. Voilà de quoi se pencher sur la question et s’attarder sur les causes et traitements de l’anxiété sociale.

A l’heure des smartphones et d’Internet, on communique et on consomme différemment. Nombreux sont ceux à se demander si la communication électronique d’aujourd’hui, ne tue pas la « vraie » communication. Ce qui est certain, c’est qu’elle modifie l’interaction entre individus. Toute notre vie sociale en est révolutionnée. On est finalement plus proche de ceux qui sont loin au détriment de ceux qui nous entourent physiquement. Ce qui nous pousse à nous questionner sur les possibles répercussions que cette révolution silencieuse peut avoir sur notre vie émotionnelle.

Dans cette lignée, une étude de la Kent State University montre par exemple que chez les étudiants, l’utilisation fréquente d’un smartphone est liée à l’anxiété de manière générale, ainsi qu’à de moins bonnes notes. Un autre élément de réponse pourrait se trouver dans une autre recherche de l’Université de Göteborg, qui conclut que l’usage excessif d’un smartphone ou d’un ordinateur engendrerait dépression et troubles du sommeil tant chez la femme que l’homme. Il semble dès lors essentiel de se pencher sur la question de l’anxiété sociale.

Trouble psychologique faisant partie des troubles anxieux, la phobie sociale se caractérise par une peur handicapante de se retrouver dans des situations ou l’on est confronté au regard des autres.

Aux origines du trouble

La plupart du temps, cette phobie surgit dans l’enfance ou l’adolescence. Selon le WebMd, trois facteurs sont à l’origine de l’anxiété sociale. On estime que ce trouble pourrait venir d’un fonctionnement défectueux des circuits cérébraux à l’origine de la régulation des émotions. Il s’agit là du facteur biologique.

La génétique a aussi son mot à dire puisque les chercheurs ont constaté que l’anxiété était également présente chez des membres de la famille de premier degré (parent, frère, enfant).

Bien évidemment, le facteur psychologique y est aussi pour quelque chose. L’anxiété sociale pourrait prendre ses racines dans une expérience traumatisante ou humiliante de l’enfance. Comme par exemple les intimidations infligées par des camarades de classe à l’école.

Par ailleurs, les individus souffrant d’anxiété peuvent avoir développé la pathologie simplement en observant le comportement des autres. Le facteur environnemental serait donc non négligeable.

Quand la timidité devient maladive

Il est naturel de ressentir une certaine timidité ou gêne dans certaines situations de la vie quotidienne. D’ailleurs, selon l’Institut de Psychiatrie Brugmann, 40% de la population en souffrirait. Cependant, « dès que la personne souffre et s’ingénie à éviter les situations qui l’angoissent, ou ne peut les affronter qu’au prix d’une peur immense, on quitte le domaine de la simple timidité pour entrer dans l’anxiété sociale », peut-on encore lire sur leur site.

Ainsi, la timidité concernerait 30 à 60 % des sujets, le trac invalidant de la prise de parole en public environ 30 %, et la personnalité évitante 1 à 2 %. Mais de récents travaux épidémiologiques permettent d’estimer qu’environ 10 % de la population souffre de manifestations invalidantes d’anxiété sociale, ce qui ferait de ce trouble le troisième en fréquence dans le champ psychiatrique, après la dépression et l’alcoolisme.

Il n’existe pour le moment aucun test spécifique en laboratoire, mais différents tests qui permettent aux médecins de diagnostiquer le trouble.

En 1987, Michel Liebowitz, chercheur en psychologie a élaboré un test permettant d’évaluer l’anxiété et l’évitement dans des situations d’interaction sociale. Il ne sert cependant pas de diagnostic, mais a été conçu pour les contextes cliniques. Et reste toutefois intéressant puisqu’il permet dans une mesure relative, d’évaluer l’intensité de sa timidité.

Par ailleurs, la phobie sociale peut se déclarer seule ou accompagnée d’autres troubles comme les troubles obsessionnels du comportement, ou encore la dépression.

Traitements

Plusieurs types de traitement existent. Le premier pas est cependant d’identifier le problème et d’être en mesure de consulter un spécialiste. Comme pour tous les troubles psychologiques, la prise de conscience est une étape primordiale.

Les symptômes d’anxiété sociale peuvent être atténués par des thérapies, comme la psychothérapie cognitivo-comportementale dont le but est de « corriger  » les comportements des patients en les exposant à des situations générant de l’angoisse.

Sur avis du médecin et selon les cas, un traitement médicamenteux, comme les antidépresseurs, peut être préconisé.

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MH Dufays

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