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« La cigarette électronique plus nuisible que le tabac », une étude japonaise à relativiser

Le Vif

Des chercheurs japonais ont déclaré avoir analysé plusieurs marques d’e-cigarettes et il en sont arrivés à la conclusion que les vapeurs de cigarettes électroniques contiennent des substances cancérigènes, et ce « en quantités parfois bien supérieures à la fumée de tabac ». Une information à prendre avec de grosses pincettes.

« Il ressort de ce document brut sans conclusion définitive que les vapeurs absorbées contiennent entre autres souvent du formaldéhyde, un composé aussi appelé formol considéré comme favorisant les cancers, de l’acroléine, du glyoxal (ou éthanedial) ou encore du méthylglyoxal et de l’acétaldéhyde (ou éthanal) », déclarait l’AFP cette semaine. « Pour une des marques analysées, l’équipe de recherche a trouvé un niveau de formaldéhyde qui a atteint jusqu’à plus de dix fois celui contenu dans une cigarette traditionnelle », a expliqué à l’agence le chercheur Naoki Kunugita, qui a dirigé l’étude, devenue ensuite un rapport de l’Institut national japonais de la santé publique, remis au ministère japonais de la Santé, pays où l’on ne vapote pas encore beaucoup.

Seulement, voilà, les médias s’emballent et ne gardent que ce taux « dix fois plus élevé » de formol en exergue alors qu’il n’est détecté que, « pour une seule des marques analysées ». De quoi faire paniquer de nombreux adeptes de la cigarette électronique. De plus, comme l’explique Metronews, ces taux de formol varient énormément selon les échantillons, et parfois même au sein d’un même échantillon. Ensuite, la façon de vapoter – tirer plus ou moins fort sur son e-cigarette – changerait beaucoup la donne.

Des résultats à prendre avec des pincettes

Les résultats de cette étude japonaise sont donc à prendre avec de grosses pincettes. Comme l’explique Slate.fr. Parue fin octobre, l’étude a d’ailleurs fait l’objet de commentaires prudents de son auteur, notamment relayés par un spécialiste, le Dr Konstantinos Farsalinos, sur son siteEcigarette research.

Le site français, a de son côté, voulu remettre les pendules à l’heure en sollicitant l’expertise d’un tabacologue français, le Dr Philippe Presles, qui relative l’impact de cette recherche : « Les taux de formaldéhyde trouvés dans la vapeur de treize modèles japonais d’e-cigarette publiés dans cette étude japonaise sont cinquante fois moins importants que ceux retrouvés dans la fumée du tabac. Certains journalistes ont repris un chiffre non publié à propos d’un modèle d’e-cigarette. L’auteur n’a pas eu le temps de vérifier et de chercher l’anomalie expliquant ce taux anormal ».

Slate précise aussi que dans la vapeur d’une e-cigarette, on ne retrouve ni hydrocarbures polycycliques, ni monoxyde de carbone, ni particule fine, qui sont les trois grands poisons présents dans le tabac. Et rappelle que la substance dénommée formaldéhyde n’est autre que le méthanal ou aldéhyde du méthane, le gaz naturel produit par tous les êtres vivants. Chez les plantes, le méthanal, très volatile, sert à transporter les arômes (thym, romarin, etc.). Voilà qui devrait redorer le blason de la cigarette électronique mis à mal par cette étude mal interprétée.

La Ligue contre le cancer et l’OMS mettent toutefois en garde sur l’usage de l’e-cigarette car ses dangers sur la santé sont encore flous, les études sur ses effets néfastes n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et se révèlent souvent contradictoires.

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