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Des traces de glyphosate dans l’alimentation

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Une association française dénonce la présence de glyphosate dans des produits de consommation courante.

L’ONG française « Générations Futures » a mené une analyse sur 30 échantillons de produits achetés dans des supermarchés. Selon le rapport de l’association, « 16 échantillons sur 30 contenaient du glyphosate, soit 53,3% ». Le glyphosate est classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (OMS).

Trois types de produits ont été analysés : les céréales pour le petit-déjeuner, des pâtes et des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots sec…). La substance, composant du fameux « RoundUp » de l’entreprise Monsanto, était notamment présente dans sept échantillons de céréales (sur 8) et sept légumineuses (sur 12). La présence dans les pâtes alimentaires était moins marquée, de l’ordre de deux sur sept. L’ONG précise : « Les concentrations retrouvées vont de 40 μg/kg pour une céréale du petit-déjeuner à 2.100 μg/kg pour un échantillon de lentilles sèches (…) Il n’y a, pour les aliments bruts (légumineuses), pas de dépassement de limite maximale en résidus ». L’association juge cependant que cette limite est « très élevée » pour les lentilles séchées (10.000 μg/kg).

Selon Francetvinfo, la concentration n’est pas suffisante pour que les consommateurs tombent malades ou soient victimes d’une grave intoxication. Mais l’association affirme que cela peut contaminer le tube digestif.

Un rapport européen controversé

L’agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a défendu la semaine dernière son rapport sur le glyphosate, réfutant les informations de presse l’accusant d’avoir reproduit des arguments des fabricants de pesticides. « Ces affirmations sont encore une nouvelle tentative de créer des doutes sur l’évaluation faite par » les experts de l’UE, a réagi l’agence, dont le rapport a servi de base à la Commission européenne pour recommander la ré-autorisation du glyphosate pour 10 ans dans l’UE.

Les quotidiens italien La Stampa et britannique The Guardian ainsi que la radio française RMC ont dénoncé le fait qu’une partie cruciale du rapport de l’Efsa semble être un copier/coller d’un document déposé en 2012 par Monsanto au nom de la « Glyphosate Task Force », un consortium d’entreprises commercialisant des produits à base de glyphosate en Europe. « Ce sont 100 pages sur environ 4.300 dans le rapport final, mais il s’agit des sections les plus controversées et au centre de l’âpre débat de ces derniers mois », souligne le quotidien italien.

Il s’agit d’une « incompréhension du contexte et du contenu des documents publiés », a répondu l’agence européenne. Selon elle, les documents que mentionnent les médias ne font pas partie du rapport de l’Efsa, mais des notes fournies par l’Etat membre rapporteur auprès de l’agence dans ce dossier. Par ailleurs, les références à la Glyphosate Task Force « sont des extraits » d’études « disponibles » et « des références » à ces études, soumis par les candidats » au renouvellement de la licence du glyphosate, clairement identifiés en tant que tels, a poursuivi l’Efsa. L’évaluation scientifique de la dangerosité du glyphosate fait l’objet d’une polémique, plusieurs ONG ainsi que des scientifiques accusant les agences européennes d’évaluation « biaisée ».

Pour François Veillerette, directeur de Générations Futures, les résultats de l’étude de l’ONG doivent surtout faire réagir le politique. Pour lui, l’Union européenne doit urgemment  » renoncer à l’usage de cette molécule (…) et faire évoluer en profondeur son modèle agricole devenu trop dépendant des pesticides de synthèse ».

La licence européenne du glyphosate expire fin 2017 et le débat sur son renouvellement fait rage. La Commission a affirmé à plusieurs reprises qu’elle souhaitait que la décision revienne aux Etats membres, qui doivent se prononcer avant la fin de l’année pour ou contre dans un vote à la majorité qualifiée. Une prochaine réunion du comité chargé du dossier au sein duquel siègent les représentants des Etats membres est prévue pour le 5-6 octobre, mais l’ordre du jour est encore à confirmer. Pour l’heure, aucun vote n’est programmé.

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