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Cosmétiques et lingettes pour bébés: les produits à éviter

Le Vif

Un rapport de l’ONG « Women in Europe for a Common Future » alerte sur la présence de substances chimiques présentant « un risque élevé » dans un très grand nombre de cosmétiques pour les bébés. Quelles sont-elles et comment les éviter?

L’ONG « Women in Europe for a Common Future » a passé au crible 341 cosmétiques pour bébé. Parmi eux, des produits variés: laits de toilette, lotions, shampoings, produits pour le bain, liniments, lingettes, eaux nettoyantes, eaux de toilette ou encore produits solaires vendus sur le marché français en pharmacies, parapharmacies, supermarchés et magasins biologiques. Conclusion de leur étude parue ce lundi 15 février : il y a encore trop de substances chimiques potentiellement dangereuses ou allergènes dans ces produits utilisés au quotidien pour l’hygiène des bébés.

Sur la base des études scientifiques et des évaluations des autorités sanitaires de l’Union européenne (comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, SCCS) et française (Agence nationale de sécurité du médicament, ANSM), cette ONG a classé les ingrédients qui composent ces produits selon trois catégories: « risque élevé », « risque modéré » et « risque faible ou non identifié ». L’étude révèle qu’une grande majorité de produits (299) sont composés d’ingrédients à risque élevé.

Les produits à risque élevé

  • La méthylisothiazolinone et la methylchloroisothiazolinone

Ces allergènes par contact ont été décelés dans 19 produits du panel de test, « dont sept lingettes ». Les deux substances sont utilisées en remplacement des parabènes. Elles font fonction de conservateur, pour éviter le développement de bactéries et de champignons. Le plafond de concentration est fixé à 0,01% pour la méthylisothiazolinone (MI) et de 0,0015% en cas de mélange avec la methylchloroisothiazolinone (MI/MCI). Cette limite ne suffirait toutefois pas à écarter tous les risques allergiques. En février 2014, des membres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) réunis en séance confirmaient plusieurs cas d’allergie, qu’il s’agisse de produits rincés ou non rincés.

  • Le phénoxyéthanol

Il s’agit d’un autre agent conservateur classé dans la catégorie « à risque élevé ». Il est utilisé notamment « dans les cosmétiques tels que crèmes pour le visage et le corps ou crèmes solaires », explique l’étude. Cet agent ne présente pas de danger allergène mais est suspecté de toxicité pour la reproduction. Sa concentration maximale devrait être limitée de 1% à 0,4% pour les enfants de moins de 3 ans. L’ONG l’a détecté dans 54 produits dont 26 lingettes.

  • Les parfums

Les parfums se retrouvent dans quasi tous les produits testés. Et même les produits ne contenant pas de parfum « contiennent généralement une eau florale qui permet aussi de les parfumer », explique l’étude. Le risque : des allergies. 226 produits testés dans le cadre de l’étude contenaient du parfum.

Les produits à risque modéré

  • Les huiles minérales

30 produits du panel contenaient des dérivés du pétrole. Pour pouvoir être intégrées dans des produits cosmétiques, les huiles minérales doivent obligatoirement être « ultraraffinées », pour les débarrasser de toutes les impuretés. Sinon, le risque cancérogène serait bien trop élevé. L’ONG invite ici à la prudence.

  • Les sulfates

Ils ont été détectés dans 50 produits. Les sulfates sont présents dans de « nombreux détergents domestiques, des nettoyants ménagers, lessives liquides et shampoings ». Ils auraient tendance à être « un peu trop agressifs pour les cheveux » et « irritants pour les peaux sensibles », en particulier le sodium lauryl, considéré comme le plus agressif. Ils ne seraient toutefois pas cancérogènes.

  • L’EDTA (disodium, tetrasodium, calcium disodium)

Cette substance a un effet sur la viscosité des produits et est utilisée dans de nombreux savons et produits moussants. Certains de ces composés seraient irritants pour les yeux. 87 produits testés, dont 30 lingettes, en contenaient.

  • Les composés nanoparticulaires

Les nanomatériaux (MBBT, dioxyde de titane, oxyde de zinc, etc) sont classés dans les risques modérés par WECF, car leurs effets seraient « encore mal évalués ». On les utilise en tant que filtre UV, opacifiant ou colorant.

Les produits à risque faible

« Ces ingrédients sont de longue date utilisés en cosmétiques ou dans d’autres domaines et les données à ce jour sont relativement peu préoccupantes », détaille l’étude.

Deux familles d’ingrédients ont été inclus dans cette catégorie, à savoir les parabènes (méthylparaben et éthylparaben), ainsi que le BHT (hydroxytoluène butylé). Selon l’ONG, les parabènes « ne présentent pas tous le même profil de risque ». Certains sont tout simplement interdits dans les produits sans rinçage tandis que d’autres demeurent autorisés. Ici aussi, WECF invite à la prudence dans leur utilisation au quotidien.

Le BHT, qui est un antioxydant pourrait, de son côté, avoir un effet de perturbateur endocrinien (avec des effets sur l’équilibre hormonal pouvant entraîner des problèmes de fertilité et de malformations génitales). Son effet pourrait tout de même être faible par rapport à d’autres composés. « Les risques pour la santé seraient donc infimes », conclut l’association.

Suite à ce rapport, l’ONG, qui repose sur un réseau international de 150 organisations environnementales et féminines présentes dans 50 pays, demande « l’interdiction des trois ingrédients à risque élevé dans tous les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans ». L’ONG propose aussi dans son rapport un mode d’emploi pour bien lire les étiquettes des produits d’hygiène et y repérer les éventuels ingrédients à risque.

Lire le rapport « Women in Europe for a Common Future »: Cosmétiques pour bébés, encore trop de substances préoccupantes

Lire aussi : Méfiez-vous des lingettes pour bébés

10 conseils pour l’hygiène de bébé

1. Ne pas utiliser de cosmétiques et produits d’hygiène pour bébé de façon systématique

2. Ne pas utiliser de produits cosmétiques pour adultes pour les bébés

3. Oui au shampoing ou au produit visage etcorps pour le bain, oui au liniment pour nettoyer les fesses

4. Pour le reste rien d’obligatoire, au contraire: il suffit d’utiliser, en cas d’irritation du siège, une crème pour le change, et un lait de toilette si le liniment ne suffit pas

5. Eviter les lingettes jetables, sauf pour dépanner lors de déplacements

6. Eviter les eaux nettoyantes et eaux de toilette, non indispensables, utiliser de l’eau du robinet sauf lorsque celle-ci est déconseillée à la consommation pour des raisons sanitaires

7. Privilégier les produits sans parfum

8. Privilégier les produits contenant peu d’ingrédients

9. Pour les adeptes du ‘fait maison’, respecter une hygiène draconienne dans la préparation des cosmétiques et ne préparer que de petites quantités pour ne pas avoir à conserver les produits longtemps et risquer une contamination bactérienne

10. Attention aux huiles essentielles qui peuvent sensibiliser un jeune enfant à vie. Pour le massage, leur utilisation devra toujours se faire très diluée (1 à 2% de la préparation finale) et ce, pas avant trois ans. Il est préférable, pour éviter tout risque de surdosage, d’acheter des produits tout préparés.

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