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Ce que les prénoms des enfants disent sur les parents

Le Vif

Choisir un prénom est un acte intime loin d’être anodin. De quoi se demander s’il n’en dit pas plus sur les parents qui le donnent que sur l’enfant qui le porte.

Pour le psychosociologue Jean-Gabriel Offroy, auteur du livre Le choix du prénom (Editions Hommes et Perspectives), le choix d’un prénom se fait sous influences: « les parents doivent opérer une synthèse entre l’ancien et le nouveau, distinguer leur enfant, le rendre unique, et en même temps l’intégrer dans un groupe, une culture, une tradition ».

Le prénom comme expression d’un désir
Souvent, comme le dit Jean-Gabriel Offroy, les parents s’imaginent être originaux et s’aperçoivent à l’entrée en maternelle que de nombreux enfants portent le même prénom que le leur. « C’est qu’ils ont été influencés par des modèles sociaux et familiaux qu’ils ont inconsciemment reproduits et projetés sur leur enfant », analyse le psychosociologue.

Les mêmes références affectives conduisent aujourd’hui les parents à opter pour des prénoms de stars ou de séries américaines, le plus souvent dans les milieux populaires. « Le prénom est toujours chargé des désirs et des projections conscientes ou non des parents », souligne Jean-Gabriel Offroy. La façon dont on imagine notre enfant et la personne que nous aimerions qu’il devienne s’avère donc prépondérante dans le choix du prénom.

Projection narcissique
Le psychosociologue met d’ailleurs en garde contre les dérives narcissiques, en citant des cas dans lesquels l’enfant peine à exister, comme ce père qui a souhaité appeler sa fille comme sa maîtresse dont la femme ignorait l’existence, ou la multiplication des « Junior » portant le même prénom que leur père aux Etats-Unis.

Autre corollaire de projections narcissiques: la recherche de l’originalité à tout prix, surtout. « En inventant des prénoms ou en modifiant l’orthographe de prénoms plus communs, les parents veulent s’affirmer par rapport aux autres et donner à leur enfant une dimension unique, au risque de le désintégrer du groupe », analyse Jean-Gabriel Offroy, tout en tempérant: « Généralement, les idées les plus farfelues sont gommées par l’un des deux parents, le prénom s’affirmant comme la synthèse des désirs et des contradictions du couple parental ».

Isabelle Cantarero

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