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Notre page Facebook meurt-elle avec nous?

Le réseau social offre une deuxième vie à ses utilisateurs défunts. Les profils sont transformés en page mémoriales. Pourquoi appartenir au réseau social après la mort ?

Repose en paix… sur Facebook. Si cette épitaphe apparait sur votre page, c’est que vous êtes mort. Mais votre profil, lui, vous survivra. Depuis octobre 2009, Facebook a mis au point un système qui permet aux familles apportant la preuve du décès, de convertir le « mur » d’un utilisateur en mémorial virtuel. Les proches peuvent alors se recueillir sur la page d’un être cher, transformée en livre de condoléances.

« Facebook permet ainsi de conserver intact le souvenir de quelqu’un. Des personnes y trouvent certainement du réconfort », estime Thomas Jamet, sociologue et publicitaire expert du digital. Ainsi, en tapant « R.I.P » ou « défunt » dans le moteur de recherche du réseau social, on peut trouver plusieurs pages de recueil de ce type.

En revanche, les messages, les photos et les statuts publiés de son vivant par le défunt sont effacés. Il disparaît également des groupes auxquels il appartenait.

Vers une nouvelle forme de rituel funèbre?

Pourquoi rendre hommage aux défunts sur le réseau social? « L’utilisation du réseau social dans ce cadre est un moyen de faire son deuil dans une civilisation dominée par les émotions, explique Thomas Jamet. Cette pratique rappelle les obsèques antiques très imagées qui racontaient la vie du défunt. D’une certaine manière, Facebook réactive ces rites. »

Le sociologue va encore plus loin: « On peut très bien imaginer dans le futur l’apparition de services funéraires sur le web qui géreraient la réputation de personnes décédées. Ce concept existe déjà pour les vivants. »

La direction de Facebook, quant à elle, estime rendre un service de droit. « Lorsque quelqu’un nous quitte, il ne sort pas de nos mémoires ou de notre réseau social pour autant. Pour refléter cette réalité, nous avons eu l’idée de ces profils ‘immortalisés’, comme un endroit où les individus pourraient revoir leurs proches disparus et partager leurs souvenirs’, expliquait Max Kelly sur le blog officiel du réseau social le 26 octobre 2009.

Geek jusqu’à la mort

Facebook n’est pas le seul site à proposer ce type de compte. De véritables cyber-cimetières peuplent la toile. La vie et les circonstances de la mort des êtres regrettés y sont racontées par leurs familles. Mais sur le réseau créé par Mark Zuckerberg, les familles ne sont pas les seules à pouvoir déclarer un décès. Une application permet aux internautes de signaler quasiment « eux-mêmes » leur propre mort. Ainsi, « Facebookafterlife » propose d’envoyer -à une fréquence déterminée par l’utilisateur- des mails à ses souscripteurs. Si ces derniers ne répondent plus au bout d’un certain délai, le service considère qu’ils sont morts et applique sur leur page Facebook les options qu’ils ont choisies. Elles vont de la simple désactivation du compte, à l’envoie de faire-parts aux contacts, en passant par le changement de la photo. La formule est payante… pré-mortem évidemment!

Solene Godin, L’Express.fr

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