La maison connectée, bientôt chez 90 % de Belges ?

Les systèmes pour surveiller et piloter son habitation à distance se multiplient. De nouveaux procédés pour gérer son chauffage par Internet arrivent sur le marché. 90 % des Belges se disent prêts à équiper leur maison de systèmes domotiques.

Le salon Batibouw, qui a fermé ses portes dimanche 3 mars, avait une nouvelle fois réservé une partie du Palais 9 de Brussels Expo aux fabricants spécialisés dans l’automatisation de la maison. Logique : « 91 % des Belges sont prêts à investir 5 000 euros dans des systèmes pour piloter leur habitation, indique Stéphane Bocqué, directeur marketing Benelux du français Somfy, leader des volets roulants et protections solaires motorisés. Ils y voient un triple intérêt : bénéficier d’un meilleur confort, renforcer leur sécurité et faire des économies d’énergie. »

L’allègement de la facture énergétique est la première motivation du millier de Belges que le bureau d’études iVOX a interrogés le mois dernier pour Somfy. Dernier procédé en vogue ? Le thermostat paramétrable à distance. Il permet de régler la température de son habitation depuis n’importe quelle tablette, smartphone ou ordinateur relié à Internet. Ce qui évite de chauffer sa maison en cas d’absence imprévue ou, a contrario, de grelotter en cas de retour anticipé. Plusieurs sociétés proposent déjà ce service, comme Electrabel qui a lancé son « Smart Thermostat Touch » en octobre dernier, tandis que d’autres le feront sous peu. « Nous commercialiserons notre système d’ici à trois mois, annonce Valérie Renier, du fabricant Chacon à Wavre. Nos utilisateurs pourront commander les chauffages d’une à quatre pièces de leur habitation. »

Au-delà de ce pilotage à (très longue) distance, certains systèmes peuvent s’adapter aux circonstances : ouvrir les volets et persiennes pour laisser entrer la chaleur solaire en hiver, ou les fermer afin d’éviter la surchauffe des pièces en été. Cette capacité « d’intelligence », qui repose sur des capteurs de température et de luminosité, est déclinable sous d’innombrables formes, à l’image d’un Velux qui se ferme à la première goutte de pluie.

Scénariser son habitation

Dans près d’un cas sur deux, le choix d’équipements domotiques est aussi dicté par l’envie de confort. D’une simple pression sur l’écran de son smartphone ou de sa tablette, on peut déclencher une série d’opérations préprogrammées. Exemple : on choisit la fonction « regarder la télévision » et, auto- matiquement, l’intensité de l’éclairage diminue, un rideau se ferme et les volets se positionnent pour éviter les reflets dans l’écran. « Les combinaisons sont personnalisables à l’infini, poursuit Stéphane Bocqué. Vous pouvez définir une commande « nuit » pour que les volets se ferment, que toutes les lumières s’éteignent et que le thermostat passe en mode nocturne. Chaque utilisateur devient scénariste de son habitation. »

En cas d’absence, le pilotage distant permet de simuler une présence en déclenchant l’ouverture des volets ou en modifiant les éclairages intérieurs et extérieurs. Ces possibilités ne visent d’ailleurs pas seulement à éloigner les visiteurs malintentionnés : retenu au bureau, un parent peut déverrouiller la porte d’entrée de la maison pour y laisser entrer un enfant ayant égaré sa clé.

Pour près d’un Belge sur cinq, l’automatisation reste synonyme de câblages, saignées dans les murs et, donc, plutôt réservée aux nouvelles constructions. Un cliché que balaient les installateurs en vantant leurs vannes thermostatiques et autres interrupteurs radiocommandés. « L’installation de ces accessoires sans fil est facile, rassure Valérie Renier. Même celle du centre nerveux du système qui n’est rien d’autre qu’une « box » que l’on branche sur Internet. »

Côté prix, ladite « box » s’avère souvent la pièce la plus chère de l’ensemble (350 euros pour la TaHoma de Somfy), tandis que le coût des accessoires varie en fonction de leur sophistication : Chacon annonce des vannes thermostatiques à une cinquantaine d’euros pièce.

Uniformiser les normes

Derrière cette série de nouveaux procédés demeure pourtant un problème récurrent : créer des produits communicants est une chose, mais les faire communiquer entre eux en est une autre.

A l’heure actuelle, chaque fabricant ou presque développe sa propre interface de commande, laquelle n’est souvent capable que de piloter les dispositifs de sa propre marque ou, dans le meilleur des cas, ceux des partenaires industriels avec lesquels il a passé un accord. Autrement dit, faute d’interopérabilité, le consommateur risque de se retrouver prisonnier d’un producteur ou d’un opérateur qui lui imposera ses équipements dans l’ensemble de l’habitation.

C’est la raison pour laquelle plusieurs « petits » fabricants appellent à une standardisation des normes de communication.

Laurent Hovine

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