© Reuters

Yémen: des manifestants réclament l’exécution du président

Le Parlement a accordé samedi au président Saleh, qui a accepté de renoncer au pouvoir en vertu d’un accord sur une transition politique conclu le 23 novembre à Ryad, « l’immunité totale contre toute poursuite légale ou judiciaire ».

« Le peuple yéménite a décidé, Saleh doit être exécuté »… Des dizaines de milliers de manifestants ont scandé dimanche des slogans très hostiles à l’actuel président, protestant contre une loi qui lui accorde l’immunité.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Sanaa, réclamant l’exécution du président Ali Abdallah Saleh. « Il est de notre devoir d’exécuter le tyran », « le peuple yéménite a décidé, Saleh doit être exécuté », répétaient les manifestants partis de la place du Changement, où campent depuis près d’un an les protestataires réclamant le départ du chef de l’Etat.

Le Parlement a accordé samedi au président Saleh, qui a accepté de renoncer au pouvoir en vertu d’un accord sur une transition politique conclu le 23 novembre à Ryad, « l’immunité totale contre toute poursuite légale ou judiciaire ». Il a également entériné la candidature unique du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi à l’élection présidentielle, prévue le 21 février dans ce pays secoué depuis un an par des troubles ayant fait des centaines de morts.

Immunité « pour les actes politiquement motivés » « Aux députés: pas d’immunité aux dépens de notre sang », proclamait une banderole brandie par les manifestants, qui ont tenté de se diriger vers l’ambassade des Etats-Unis avant d’en être empêchés par les forces de sécurité. Le Parlement avait dû amender le projet de loi, la version initiale étant vivement contestée par la rue et des ONG.

En vertu de la nouvelle loi, les collaborateurs du président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé par les protestataires de corruption et de népotisme, bénéficieront de l’immunité « pour les actes politiquement motivés, accomplis dans l’exercice de leurs fonctions officielles ». En revanche, l’immunité « ne s’applique pas aux actes terroristes ».

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, a critiqué samedi soir cette loi, soulignant le droit des « victimes » à réclamer des comptes. » La loi a été modifiée (…) mais elle demeure en-deçà de nos aspirations. L’ONU a une position de principe à l’égard de ce genre d’immunité absolue », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.Il a appelé à promulguer « une loi sur la justice et la réconciliation » qui permettrait « aux victimes de réclamer des compensations ».

Réclamer justice

Un député de Saada, région du nord du Yémen théâtre depuis 2004 de six rounds de violences entre l’armée du président Saleh et les rebelles zaïdites chiites, a affirmé qu’il était opposé à la loi votée samedi. « Nous avons eu 10.000 victimes dans le nord du Yémen au cours des six guerres. Nous ne pouvons pas renoncer à réclamer justice », a expliqué Abdel Karim Jadbane.

Saleh, actuellement président à titre honorifique, devrait quitter le pays dans les prochains jours, selon un responsable du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), Sultan al-Barakani. Ce dernier a indiqué samedi qu’il se rendrait d’abord à Oman, puis en Ethiopie, avant d’aller à New York se faire traiter pour des blessures subies lors d’une attaque contre son palais début juin.

Selon des sources diplomatiques à Sanaa, le fils aîné du chef de l’Etat, Ahmed, commandant de la Garde républicaine, une unité d’élite redoutée, « se trouve au sultanat d’Oman afin d’y préparer la visite de son père ». Oman, voisin du Yémen, a déjà accueilli en 1994 l’ancien vice-président et dirigeant sudiste yéménite Ali Salem al-Baid, contraint au cours de son séjour de 15 ans de s’abstenir de toutes déclarations politiques.

LeVif.be avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire