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Ukraine : avertissement de Poutine à Kiev, espoirs de dialogue

Le Vif

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde Kiev contre toute action « irréparable » mercredi, avant des négociations qui devraient se tenir dans une semaine sur la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide.

Un avertissement en réponse au ministre de l’Intérieur du gouvernement pro-européen de Kiev, que Moscou ne reconnaît pas, qui a menacé mercredi d’intervention les séparatistes toujours retranchés dans deux villes de l’Est.

« Pour ceux qui acceptent le dialogue, il y aura une solution politique, quant aux marginaux qui cherchent le conflit, ils recevront une réponse forte », a déclaré Arsen Avakov en conseil des ministres. Et d’estimer que « la crise pourrait être réglée dans les prochaines 48 heures ».

Tout en enjoignant « les autorités intérimaires » d’Ukraine de « ne rien commettre d’irréparable », M. Poutine a exprimé l’espoir que l’initiative diplomatique annoncée « aura de l’effet et que l’issue sera positive ».
Ces pourparlers vont réunir Américains, Russes, Ukrainiens et Union européenne et devraient, selon une source diplomatique à Bruxelles, se dérouler le 17 avril à Vienne.

Washington a d’avance placé l’objectif assez bas. « Nous n’avons pas d’attentes fortes (…), mais nous pensons qu’il est très important de laisser ouverte cette porte diplomatique », a ainsi déclaré la secrétaire d’Etat adjointe pour l’Europe, Victoria Nuland.

Ces derniers jours ont en effet vu un brusque regain de tension dans l’Est russophone de l’Ukraine, où pro-russes et loyalistes se font face, sous la menace de milliers de soldats russes massés à la frontière toute proche.

M. Poutine s’est engagé de longue date à protéger « à tout prix » les populations russes de l’ex-URSS et a dépêché jusqu’à 40.000 militaires à la frontière ukrainienne, faisant craindre une invasion. Les séparatistes, qualifiés de « terroristes et criminels » par Kiev, ne désarmaient pas mercredi, tenant toujours le siège local des services de sécurité ukrainiens (SBU) à Lougansk et le bâtiment de l’administration régionale à Donetsk.

Ils réclament l’organisation de référendums sur une plus grande autonomie régionale ou le rattachement pur et simple à la Russie.
« Nous refusons de livrer nos armes, comme on nous l’a demandé. Nous n’avons rien à perdre », a déclaré Oleg Desiatnikov, 49 ans, membre de l’état-major des militants qui occupent le siège du SBU de Lougansk, à 60 km de la frontière russe. « Nous avons voulu négocier, mais personne n’a voulu nous écouter. Et on menace de lancer un assaut contre nous. Si on nous attaque, nous répondrons », a-t-il poursuivi, avant de démentir les accusations du SBU, qui a affirmé que les séparatistes détenaient, puis avaient relâché, des otages.

Aucune présence policière n’était visible autour du bâtiment, pas plus qu’autour du QG des activistes à Donetsk, la ville du président pro-russe déchu Viktor Ianoukovitch, renversé fin février lors de manifestations sanglantes à Kiev et où les séparatistes ont proclamé une « république souveraine ».

D’autres activistes avaient été délogés de l’administration régionale à Kharkiv (1,5 million d’habitants), où de violents affrontements ont duré plusieurs jours à coups de pierres et de cocktails molotov et où 70 pro-russes ont été arrêtés.

Tentant de ramener sous contrôle la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide, Américains, Européens et Otan ont mis en garde de façon répétée Moscou, accusé d’être derrière les troubles.

Mais l’Alliance atlantique a « totalement démenti » mercredi les affirmations du vice-ministre russe de la Défense selon lesquelles elle prévoyait de déployer d’importantes forces près de la frontière de la Russie, véritable chiffon rouge pour Moscou. Les Occidentaux menacent par contre la Russie de nouvelles sanctions, économiques, en cas d’intervention.

Vladimir Poutine a lui aussi brandi mercredi cette arme économique, bien que la Russie souffre déjà de cette crise, avec des prévisions de croissance en berne et des fuites de capitaux massives. Il a ainsi soufflé le chaud et le froid sur le gaz, habituel moyen de pression, acceptant des « négociations supplémentaires » après la décision-sanction de relever les prix de cet hydrocarbure livré à Kiev de 80%, tout en avertissant que cela ne pourrait durer « éternellement ».

Ce qui laisse planer la menace d’une nouvelle « guerre du gaz » pouvant affecter les approvisionnements de toute l’Europe, comme en 2006 et 2009.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a d’ailleurs averti mercredi que la crise en Ukraine pourrait « avoir un impact négatif sur la croissance mondiale ».

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