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Ukraine: aucun accord n’a été trouvé

Le Vif

Aucun accord n’a été trouvé avec les Etats-Unis sur l’Ukraine, a annoncé jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, après s’être entretenu avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry à Rome, ont rapporté les agences russes.

« Pour l’instant, nous ne pouvons annoncer à la communauté internationale que nous avons trouvé un accord », a dit M. Lavrov. « Nous sommes convenus d’étudier encore les idées dont m’a fait part aujourd’hui John Kerry concernant des mesures concrètes à prendre », a-t-il ajouté.

Il a indiqué qu’il allait faire part au président Vladimir Poutine de sa discussion avec son homologue américain, à son retour en Russie.

« Pour nous, le plus important, je le souligne encore, est de respecter les accords du 21 février, avant tout sur la réforme de la Constitution, sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale, l’organisation d’élections après la réforme constitutionnelle », a-t-il dit. « Et le deuxième aspect important est que tout processus (…) doit obligatoirement s’appuyer sur l’accord sans ambiguïté de toutes les régions d’Ukraine ».

Les deux hauts responsables, qui se retrouvaient en marge d’une réunion internationale sur la Libye, se sont rencontrés trois fois en deux jours pour discuter de la crise en Ukraine.

Les entretiens à Rome se sont déroulés alors que le Parlement de Crimée a fait jeudi un pas de plus vers la partition de l’Ukraine en demandant à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule à la Russie, ce qui a aussitôt été dénoncé par Washington.

De son côté, le président américain Barack Obama a annoncé une série de sanctions pour faire davantage pression sur Moscou, avec notamment des restrictions de visas pour un certain nombre de responsables. M. Lavrov a indiqué aux agences russes que M. Kerry lui avait assuré qu’il n’y avait pour l’instant pas de listes de responsables russes.

La décision du Parlement de Crimée « illégitime », affirme le Premier ministre ukrainien
Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a qualifié jeudi d' »illégitime » la décision du Parlement de Crimée de demander le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie.

S’exprimant devant la presse après une rencontre avec les dirigeants de l’Union européenne à Bruxelles, M. Iatseniouk a également jugé que le référendum organisé en Crimée le 16 mars n’avait « aucun fondement légal ».

« Nous exhortons le gouvernement russe à ne pas soutenir ceux qui promeuvent le séparatisme en Crimée », a ajouté M. Iatseniouk. Il a de nouveau demandé à la Russie que les troupes déployées en Crimée « retournent dans leur caserne » et qu’un dialogue s’engage en vue d' »une solution pacifique » à la crise.

Mais, a-t-il averti, « dans le cas où l’escalade se poursuivrait, le gouvernement et les autorités militaires ukrainiens réagiront comme le permet la Constitution ».

« Nous sommes prêts à protéger notre pays », a-t-il insisté d’un ton grave. « Nous avons moins d’armes (que la Russie), pas d’armes nucléaires, mais nous avons l’esprit de liberté ».

M. Iatseniouk a par ailleurs affirmé que l’Ukraine était prête à signer « dès que possible » l’accord d’association avec l’UE que l’ancien président Viktor Ianoukovitch avait refusé de signer en novembre.

« Le gouvernement ukrainien est déterminé à signer un accord d’association » avec l’UE et « nous sommes prêts à le signer dès que possible », a-t-il dit.

Les observateurs de l’OSCE bloqués par des hommes armés en Crimée

Les 40 observateurs de l’OSCE, venus en Ukraine à la demande du nouveau pouvoir ukrainien, ont été empêchés d’entrer en Crimée par des hommes armés, a indiqué une source diplomatique occidentale.

« Ils ont été empêchés d’entrer par deux groupes d’hommes armés, très professionnels », a déclaré cette source, précisant que les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe sont bloqués depuis 13h00 locales (11h00 GMT) à un barrage sur la route d’accès à cette région du Sud de l’Ukraine contrôlée par des forces russes.

« Ils sont bloqués mais ils ne font pas demi-tour », a souligné cette source.

Ces 40 observateurs, des militaires non armés, provenant de 21 pays membres de l’OSCE, répondaient à une demande de l’Ukraine et leur mission en Crimée est prévue jusqu’au 12 mars.

« Ce sont des observateurs militaires mais non armés. Ils ne partent pas en tant que soldats », avait précisé mercredi un porte-parole de l’OSCE. Ils interviennent dans le cadre du Document de Vienne, adopté en 1990 et révisé pour la dernière fois en 2011, dont l’Article III est activé pour la première fois avec cette mission.

Le Document de Vienne encourage notamment les pays membres de l’OSCE à inviter d’autres Etats membres à observer certaines activités militaires ou encore à accepter jusqu’à trois inspections de leurs sites militaires par an, les parties les plus sensibles étant exclues.

Il prévoit aussi des consultations et des coopérations « en cas d’activités militaires inhabituelles ou de tensions accrues ». Il permet aux Etats d’accueillir des missions militaires « afin de dissiper des inquiétudes », selon le document, ratifié par les 57 Etats membres de l’OSCE.

Mercredi, l’envoyé spécial de l’ONU en Crimée, Robert Serry, avait dû mettre fin brutalement à sa mission après avoir été menacé à Simféropol par des hommes armés. Selon l’ONU, M. Serry doit revenir à Kiev.

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