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Turquie: la CEDH face à un afflux de plaintes de Turcs visés par les purges

Le Vif

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est confrontée depuis environ deux semaines à un afflux « très important » de plaintes émanant de Turcs visés par les purges menées depuis le putsch avorté en juillet, a indiqué lundi un porte-parole.

« Nous en sommes à 850 nouvelles requêtes déposées récemment, dont 450 uniquement la semaine dernière », a-t-il dit. Il a précisé toutefois qu’on « ne sait pas encore quelle proportion (de ces requêtes) sera considérée au final comme recevable ». C’est un afflux « inhabituel », à comparer avec les 7.750 requêtes pendantes qui étaient comptabilisées à Strasbourg contre la Turquie avant les récents événements.

Le secrétaire général du Conseil de l’Europe – dont dépend la CEDH -, Thorbjørn Jagland, s’est inquiété lundi de cette explosion récente des requêtes venues de Turquie. « Même dans une situation d’état d’urgence, tous les Turcs gardent le droit d’accéder à la Cour », a-t-il souligné lors d’un point presse au côté de la Première ministre norvégienne Erna Solberg.

« C’est pourquoi nous discutons de la façon dont la Turquie peut traiter tous ces problèmes, afin d’éviter que des milliers de requêtes arrivent à la Cour (…) après la tentative de coup d’Etat manqué ».

Début octobre, le commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, avait déjà appelé Ankara à mettre fin « dès que possible » à l’état d’urgence instauré après le coup d’Etat avorté. La semaine dernière, il avait également jugé « déplorable » l’arrestation du rédacteur en chef et de plusieurs journalistes de Cumhuriyet, principal quotidien d’opposition en Turquie.

Depuis le 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société, de l’éducation et la presse à l’armée et la magistrature. Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées depuis la mi-juillet, selon des chiffres annoncés fin octobre par le ministre de la Justice.

Ces derniers jours, les autorités ont donné un nouveau tour de vis, en faisant interpeller une dizaine de députés du principal parti pro-kurde de Turquie, dont ses deux coprésidents.

Les pays occidentaux ont vivement réagi à ces nouveaux développements, disant de plus en plus clairement que le président Erdogan se sert de l’état d’urgence pour réprimer, au-delà des comploteurs, toutes les voix critiques.

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