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Tunisie: un nouveau gouvernement ce lundi

La composition du nouveau gouvernement tunisien doit être annoncée lundi, trois jours après la fuite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, a indiqué dimanche une dirigeante d’un parti d’opposition, selon qui les partis auparavant proches du pouvoir en seront écartés.

« La composition du nouveau gouvernement sera annoncée demain matin », a déclaré à l’AFP Maya Jribi, secrétaire générale du Parti Démocratique progressiste (PDP, opposition légale la plus radicale en Tunisie), à l’issue d’une réunion des principaux partis politiques avec le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi.

« Il a été décidé de manière consensuelle d’écarter les partis pro-gouvernementaux. Le nouveau gouvernement sera composé de représentants du mouvement Ettajdid (Renaissance), du PDP, du Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), ainsi que de personnalités indépendantes », a-t-elle ajouté. Ces trois formations faisaient partie de l’opposition légale dans le pays.

« Les prochaines élections seront surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux, pour des élections libres et transparentes », a souligné la dirigeante, qui a précisé que les trois partis avaient demandé une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques.

La nouvelle équipe devrait aussi inclure des personnalités indépendantes et des représentants de la dynamique société civile tunisienne qui s’est souvent substituée à une opposition réduite presque à néant par le régime Ben Ali, selon cette source.

Elle sera chargée en particulier de préparer, en un temps record de deux mois selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives « libres et transparentes » surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux.

Le président Ben Ali a été victime d’un mois de révolte populaire sans précédent contre son régime, qui a embrasé le pays et fait des dizaines de victimes, tombées sous les balles des forces de l’ordre.

La famille Ben Ali partie avec 1,5 tonne d’or ?

La famille du président déchu Zine El Abidine Ben Ali se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or, selon le journal Le Monde qui cite des sources à la présidence française, une information démentie par la Banque centrale de Tunisie. « L’Elysée soupçonne la famille Ben Ali d’avoir fui la Tunisie avec 1,5 tonne d’or », affirme le quotidien français.

Selon les services secrets français cités par Le Monde, Leïla Trabelsi, la femme du président, « se serait rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d’or », et aurait essuyé un refus du gouverneur, avant qu’il ne cède sous la pression de Zine El Abidine Ben Ali. « Il semblerait que la femme de Ben Ali soit partie avec de l’or (…), 1,5 tonne d’or, cela fait 45 millions d’euros », a déclaré au journal un responsable politique français. Une information émanant de « source tunisienne » qui « a l’air relativement confirmée », selon un conseiller de l’Elysée. La Banque centrale de Tunisie (BCT) a de son côté catégoriquement démenti ces informations.

Sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, et la famille de cette dernière, se sont accaparé les richesses du pays en utilisant l’appareil d’Etat, usant d’alliances, de corruption, de menaces, affirment plusieurs experts et analystes.

Le président déchu a pris la fuite vendredi vers l’Arabie Saoudite, après 23 ans de règne sans partage.

Moncef Marzouki se porte candidat à la présidentielle

L’opposant historique tunisien Moncef Marzouki a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle en Tunisie prévue dans un délai de deux mois suite à la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, dans une interview à la radio française France Info.

« Je serai effectivement candidat » à l’élection présidentielle, a déclaré M. Marzouki dirigeant du Congrès pour la république (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali.

Le Conseil constitutionnel tunisien a proclamé « la vacance définitive du pouvoir » et la nomination de Foued Mebazaa, président du Parlement, au poste de président de la République par intérim. Selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives doivent être organisées dans un délai de 60 jours.

Des immolations de plus en plus nombreuse

Le 17 décembre, un vendeur ambulant tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi, s’était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise, déclenchant les émeutes qui ont abouti à la fuite du président Zine el Abidine Ben Ali vendredi dernier. Depuis, d’autres tentatives de suicide par immolation ont suivi, une similitude qui n’est pas sans interpeller.

En Algérie, un chômeur s’est aspergé d’essence et a mis le feu à ses vêtements à l’issue d’une rencontre avec le maire de la localité de Boukhadra. Mohsen Bouterfif n’avait pas réussi à obtenir un emploi et un logement, écrit le quotidien El Khabar. Trois autres Algériens ont tenté de se suicider ces derniers jours.

Mohsen, qui était marié et père d’un fils, a succombé samedi à ses brûlures. Une centaine de jeunes gens ont manifesté à la suite de son décès. Le gouverneur de la province a limogé le maire, ajoute El Khabar.

Des émeutes contre le chômage et la forte augmentation des prix des produits alimentaires se sont produites dans plusieurs villes algériennes, y compris Alger. Deux personnes ont été tuées et des centaines d’autres ont été blessées au cours de ces émeutes. Le gouvernement a réagi en réduisant les prix du sucre et de l’huile.

En Égypte, un homme s’est immolé par le feu lundi devant l’Assemblée du Peuple au Caire. Il s’est versé de l’essence sur le corps avant d’y mettre le feu, puis la police est intervenue pour éteindre les flammes. L’Égyptien a ensuite été mis dans une ambulance pour être transporté vers un hôpital. Son état de santé n’est pas connu, de même que les raisons de son acte.

Levif.be avec Belga et l’Express.fr

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