© REUTERS

Trump de nouveau dans la tourmente pour ses relations avec la Russie

Le Vif

Donald Trump a défendu jeudi son ministre de la Justice, cible de nouvelles accusations dans l’affaire des contacts supposés entre son entourage et des responsables russes, pendant la campagne électorale de l’an dernier.

Jeff Sessions, fidèle du président américain dont il a inspiré la politique anti-immigration, a reconnu avoir rencontré l’ambassadeur russe aux Etats-Unis à deux reprises l’année dernière, en contradiction apparente avec des déclarations récentes.

L’opposition démocrate a demandé la démission du ministre et la nomination d’un procureur indépendant pour enquêter sur les tentatives d’ingérence de la Russie dans le processus électoral américain.

Mais Donald Trump a déclaré avoir une confiance « totale » en son Attorney General, lors d’un déplacement sur le porte-avions Gerald Ford en Virginie. Tout en ajoutant qu’il « n’était pas au courant » de ces contacts avec le diplomate russe, Sergueï Kisliak.

Jeff Sessions, alors sénateur, est le deuxième proche du milliardaire à être accusé de n’avoir pas dit toute la vérité sur ses contacts avec des responsables russes, après Michael Flynn, qui a démissionné le 13 février de son poste de conseiller à la sécurité nationale.

Cette affaire à tiroirs empoisonne le début de mandat du successeur de Barack Obama et alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé avec Moscou.

Au sein de la majorité, le malaise enfle.

Plusieurs élus républicains ont défendu Jeff Sessions, mais des voix s’élèvent pour réclamer la nomination d’un procureur indépendant afin d’enquêter sur l’existence de liens entre l’entourage du candidat Donald Trump et des responsables russes.

Sous l’administration Obama, Washington a publiquement accusé Moscou d’avoir mené une campagne de piratage et d’ingérence pour tenter de discréditer Hillary Clinton avant le scrutin du 8 novembre. Donald Trump a nié toute collusion avec la Russie.

Donald Trump a nié à plusieurs reprises toute collusion avec la Russie, bien que l’enquête menée par le FBI ait mis en évidence des contacts entre des membres de son équipe et des proches du Kremlin, selon plusieurs médias.

« Nous n’avons vu aucune preuve impliquant aucun membre de l’équipe Trump », a rappelé le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan.

Procureur indépendant

Jeff Sessions a confirmé avoir rencontré l’ambassadeur Sergueï Kisliak en marge d’un discours en juillet puis dans son bureau de sénateur en septembre, comme l’a révélé mercredi soir le Washington Post.

Il a affirmé que les rendez-vous étaient légitimes, dans le cadre de ses fonctions de parlementaire.

Or M. Sessions avait déclaré devant le Sénat, lors de son audition de confirmation en janvier, qu’il n’avait « pas eu de contacts avec les Russes », ce qui constitue pour les démocrates un mensonge, voire un parjure. « Je n’ai jamais rencontré de Russes pour discuter d’une campagne politique », a précisé le ministre jeudi à la chaîne NBC.

« Le département de la Justice doit être au-dessus de tout reproche. Pour le bien du pays, le ministre Sessions doit démissionner », a déclaré le chef de file des démocrates du Sénat, Chuck Schumer. Les responsabilités actuelles de Jeff Sessions sont au coeur du problème.

L’Attorney General supervise le FBI et donc l’enquête menée par les autorités américaines sur les ingérences russes.

En février, la révélation selon laquelle Michael Flynn avait évoqué le sujet des sanctions contre la Russie avec l’ambassadeur Kisliak au téléphone en décembre avait poussé Donald Trump à demander sa démission.

Politiquement, ce nouvel épisode place le chef de l’Etat américain sur la défensive, au moment où il veut engager un train de réformes.

Des élus éminents de la majorité ont estimé qu’il serait plus simple que Jeff Sessions se « récuse », afin qu’il n’ait plus de pouvoir de supervision sur l’enquête du FBI.

Une décision que Jeff Sessions n’exclut pas. « J’ai dit que lorsque cela serait adéquat, je me récuserai. Il n’y a aucun doute à ce sujet », a-t-il dit.

Mais une simple récusation ne suffit plus aux démocrates, qui devraient concentrer leurs efforts à exiger la nomination d’un procureur indépendant ou « spécial ».

C’est un magistrat similaire qui avait été nommé sous la présidence de Bill Clinton pour enquêter sur l’affaire immobilière Whitewater. Après plusieurs années, ces investigations avaient donné naissance à l’affaire Monica Lewinsky et conduit à la mise en accusation du président démocrate par la Chambre des représentants en 1998.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire