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Syrie: qui est Riad Hijab, le Premier ministre qui a fait défection?

Ce sunnite de 46 ans qui a fui en Jordanie dans la nuit de dimanche à lundi était connu pour sa fidélité sans faille au parti Baas.

Il est décrit comme terne et sans charisme. Le Premier ministre syrien Riad Hijab qui a fait défection était un homme du sérail et un baassiste bon teint. Il avait grandi dans l’appareil du parti avant d’accéder à son poste grâce à sa fidélité au régime.

Ce sunnite de 46 ans est titulaire d’un doctorat d’ingénierie agricole, mais c’est surtout à sa fidélité sans faille au parti qu’il doit son ascension. Originaire de Deir Ezzor (est), où une grande partie des tribus a rejoint la rébellion, ce qui pourrait expliquer son retournement, il a commencé sa carrière à l’Union nationale des étudiants syriens de 1989 à 1998, une courroie de transmission du régime en milieu universitaire. Il occupa ensuite divers postes de responsabilités dans le Baas jusqu’en 2004 avant d’en devenir le chef à Deir Ezzor jusqu’en 2008. Puis, fidèle parmi les fidèles, il est nommé en 2008 gouverneur de Kuneïtra, zone sensible car en grande partie occupée par Israël depuis la guerre israélo-arabe de 1967, puis en février 2011 gouverneur de la province de Lattaquié (nord-ouest). Il ne s’y éternise pas.

Le mois suivant le début de la révolte en mars 2011, on lui confie le portefeuille de l’Agriculture. Il a devant lui une tâche immense car si les zones rurales penchent pour la rébellion, c’est qu’elles ont été délaissées depuis des années par le président Bachar al-Assad, qui lui a préféré les agglomérations urbaines et le secteur tertiaire.

Nomination surprise

Puis surprise, alors qu’il n’a pas fait d’étincelles à son poste, il devient Premier ministre le 23 juin 2012 après les élections législatives que le régime présente comme « multipartites » après l’abolition de l’article 8 de la Constitution qui donnait au parti Baas un rôle directeur dans la société et l’Etat. Lundi, la télévision syrienne a annoncé par un bandeau à l’écran que M. Hijab était démis de ses fonctions alors qu’en réalité, selon son porte-parole à Amman, il avait déjà fait défection pendant la nuit avec sa famille en Jordanie, devenant ainsi le plus haut responsable syrien à rompre avec le régime. Son porte-parole est intervenu sur la télévision qatarie Al-Jazeera pour dire que le Premier ministre avait rejoint l’opposition. M. Hijab a pris cette décision en raison des « crimes de guerre et de génocide » en Syrie, a dit Mohamed Otri, affirmant que le Premier ministre syrien se trouvait en « lieu sûr » avec sa famille.

Le ministre de l’Information Omrane al-Zohbi a réagi en assurant que les défections n’avaient pas d’impact sur la politique du régime, confirmant ainsi implicitement celle du Premier ministre. Le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l’opposition, a aussitôt salué cette défection, y voyant un signe de la « désagrégation » du régime. « C’est une personnalité d’envergure nationale qui est aimée de tout le peuple non seulement des sunnites, mais des alaouites et des autres », a affirmé Mohammad Sermini, responsable de la communication au CNS.
Il y a deux mois au moment de sa nomination comme chef de gouvernement, l’opposition avait toutefois déclaré: « c’est le clan (d’Assad) qui gouverne et il n’y a aucun véritable changement » dans le cabinet.

LeVif.be avec L’Express

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