© capture d'écran YouTube

Syrie: la vidéo qui dérange

L’opposition syrienne s’efforce de limiter les dégâts face à l’indignation internationale provoquée par une vidéo montrant l’exécution par des rebelles de miliciens pro-régime à Alep.

« Voir Zeno Berri, humilié, torturé et liquidé est une source de satisfaction pour la plupart des habitants d’Alep » avoue Kamal (pseudo), un enseignant de cette ville syrienne, en évoquant les images montrant l’exécution de l’un des chefs des « Chabiha »- les milices pro-régime- qui figurent dans la vidéo qui a fait scandale en Occident. « Ces derniers mois, les exactions de ces gangsters de la tribu Berri, auxquels le régime avait confié les quartiers de la ville terrorisaient la population avec des armes blanches et à feu, rackettaient les commerçants et les bourgeois et géraient les pénuries tout en poursuivant leurs trafics habituels » ajoute notre interlocuteur joint pas Skype.

Des réactions similaires d’internautes revanchards s’expriment même sur la page du « Code d’honneur des membres de l’Armée syrienne libre (ASL) » mis en place par les Comités de coordination locaux (CCL) de la révolution syrienne. Le document publié jeudi continue de recueillir les signatures des principaux chefs militaires et brigades de l’ASL dans les différentes régions de Syrie qui s’engagent ainsi à respecter ses dix articles de bonne conduite, y compris à l’égard des prisonniers. Dans le même temps, plusieurs hauts gradés de l’ASL ont condamné publiquement les auteurs de l’exécution des miliciens affirmant que leurs membres ne se comportaient pas ainsi. Ils ont signifié que l’ASL respectait la IVème Convention de Genève, relative au traitement des prisonniers de guerre.

Tout en exigeant « un devoir d’exemplarité des combattants de l’ASL qui doivent se démarquer des pratiques de vengeance des forces de Bachar El-Assad » un membre du Conseil national syrien, qui préfère ne pas être cité, souligne « l’exploitation maximale de cette bavure par les soutiens du régime syrien, notamment les Russes qui ont sauté sur l’occasion pour appuyer, une fois de plus leur argument que deux forces équivalentes s’affrontent sur le terrain en Syrie ».

« C’est une erreur majeure des hommes de l’ASL », estime Salam Kawakibi, chercheur syrien originaire d’Alep, qui s’inquiète des conséquences de cette bavure pour l’avenir de la bataille cruciale en cours dans la ville. « Si L’ASL est obligée de retirer ses forces, comme elle l’a fait à Damas, et que les troupes d’Assad reprennent le contrôle de la ville, ils lâcheront les Chabiha de la tribu Berri contre la population. Les pires atrocités pourraient être commises par ces bandits qui auront des raisons supplémentaires de se venger de la population après l’exécution et l’humiliation qu’ont subi leurs hommes ».

Par Hala Kodmani, L’Express

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