Steven Mnuchin © Reuters

Steven Mnuchin, ambassadeur plus nuancé de l' »Amérique d’abord »

Le Vif

Le ministre des Finances de Donald Trump, Steven Mnuchin, assure avoir marqué des points à Bari (Italie) en défendant une politique plus nuancée de « l’Amérique d’abord », 10 jours avant le premier sommet du G7 du président américain en Sicile.

« Les gens sont plus disposés à entendre ce qu’est le programme économique de Trump », a affirmé le secrétaire américain au Trésor de 54 ans, ex-banquier de Goldman Sachs et ancien producteur de cinéma.

Le week-end dernier à Bari (sud-est), ce proche de Donald Trump participait à sa « troisième réunion officielle » après le G20 de Baden-Baden (Allemagne) en mars, où les dissensions sur le protectionnisme avaient éclaté au grand jour, et après le G20-Finances des réunions du Fonds monétaire internationale (FMI) à Washington d’avril où le sujet avait été mis en sourdine.

Dans la capitale des Pouilles, la question qui fâche a été soigneusement évacuée du communiqué des ministres des Finances des sept pays les plus riches (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada).

Pour ne pas fâcher l’administration Trump, l’appel à résister au protectionnisme a ainsi fait place à un vague engagement à « renforcer la contribution du commerce à nos économies ».

« Il y a un meilleur niveau de confort et de compréhension », a salué le ministre américain, alors que le président Trump a bouleversé la gouvernance mondiale en dénonçant le multilatéralisme. Dès ses premiers jours en fonction, il a répudié l’accord commercial transpacifique TPP et appelé à renégocier l’accord nord-américain Aléna.

Devant ses partenaires du G7 en Italie, la rhétorique de Steven Mnuchin s’est faite plus nuancée avant que Donald Trump ne participe pour la première fois à un sommet des sept chefs d’Etats à Taormina, en Sicile, les 26 et 27 mai.

– ‘Pas protectionnistes mais…’ –

« Les gens comprennent qu’en matière de commerce, on veut accroître nos exportations (…). Nous ne voulons pas être protectionnistes mais nous nous réservons le droit de l’être si nous déterminons que le commerce n’est ni libre ni équitable », a affirmé M. Mnuchin.

Il a fortement mis en avant un accord commercial fraîchement conclu avec Pékin, l’érigeant en modèle de transactions bilatérales qui peuvent être privilégiées à l’avenir.

Côté européen, la relation semblait « moins tendue » après deux jours à Bari, selon le commissaire européen Pierre Moscovici. L’hôte de la réunion, le ministre des Finances italien Pier Carlo Padoan, a jugé que les relations s’amélioraient « à chaque nouvelle rencontre ».

Un point de vue moins partagé par Michel Sapin, le ministre français des Finances sur le départ: sur les sujets du commerce international et du climat, « nous n’avons pas bougé », a-t-il déploré.

A Bari, les partenaires du G7 ont en tout cas continué de presser de questions l’ambassadeur économique de Donald Trump sur ses projets de réforme d’impôts.

Certains s’inquiètent du fait qu’en accélérant la croissance et l’inflation, la relance budgétaire américaine ne provoque une remontée du billet vert sous l’effet de plus hauts taux d’intérêt. Les pays émergents dont la dette est libellée en dollars pourraient en souffrir.

« Les gens ne craignaient pas de poser des questions directes et ils ont eu des réponses directes », notamment sur le calendrier de la réforme de l’impôt visant à réduire fortement les taxes des entreprises, a rapporté un responsable américain sous couvert d’anonymat.

M. Mnuchin a affirmé qu’il espérait une adoption parlementaire cette année.

A Bari, il a séché une bonne partie des échanges consacrés aux inégalités et au partage de la croissance, mais l’ex-banquier a dit avoir apprécié le séminaire où des économistes ont vilipendé la règle Volcker. Ce complexe garde-fou bancaire a été mis en place après maintes réticences par l’administration démocrate après la crise financière de 2008: il interdit aux banques de spéculer pour leur propre compte.

M. Mnuchin s’est amusé qu’un expert raconte qu’il fallait « les conseils d’un psychiatre et d’un avocat » pour appliquer la règle Volcker. Dans l’avion qui le ramenait à Washington, il a confié à des journalistes que cette interdiction était désormais « examinée » par les régulateurs.

Entre la réforme des impôts et la dérégulation, les Etats-Unis visent « une croissance durable à 3% », a-t-il affirmé, répétant le credo américain: « ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le reste du monde ».

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