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RDC: Quelque 20.000 Congolais se réfugient au Rwanda pour fuir les massacres

Le Rwanda a accueilli près de 20.000 des quelque 30.000 Congolais, en majorité des rwandophones, qui ont fui les violences interethniques visant depuis mars – soit avant le début de la mutinerie de soldats en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) – cette communauté victime de massacres et d’exactions.

Ces 19.829 réfugiés, aux témoignages parfois terrifiants, sont tous passés par le camp de transit de Nkamira, dans l’ouest du pays, à une vingtaine de kilomètres de la frontière congolaise, géré par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU. Plus de 12.000 d’entre eux ont ensuite été transférés vers le camp plus permanent de Kigeme, ouvert le 10 juin dernier, a indiqué samedi la représentante du HCR au Rwanda, Neimah Warsame, au ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, et à sa délégation.

Le camp de Nkamira est désormais « pratiquement vide », a-t-elle expliqué, ajoutant que le flot de réfugiés s’était largement tari.

Les réfugiés sont principalement des femmes – dont certaines ont raconté avoir été violées – et des enfants. « Les hommes sont peu nombreux car beaucoup sont veuves. La plupart des victimes (des violences qui les ont poussé à fuir) sont des hommes », a témoigné l’un d’entre eux, Issa Sikuzuri.

« Ils ont tué mon mari, j’ai été violée et poignardée. J’ai fui Mushaki (une localite de le province du Nord-Kivu en mars », a raconté une jeune femme. »Ils ont tué beaucoup de personnes », a confié un autre réfugié venant de Kilorirwe à l’agence BELGA.

« Nous sommes victimes du racisme contre les rwandophones. Il a beaucoup de groupes armés (présents dans l’est de la RDC qui s’en prennent aux populations congolaises rwandophones. Cinq familles ont ainsi été tuées dans la région de Masisi (au nord-ouest de Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu), a ajouté Issa Sikuzuri.

« On nous a attaqués parce que l’on nous croyait Rwandais. Il a a eu 34 morts dans une attaque », a raconté une jeune femme qui a fui à pied son village du Masisi.

Certains assurent avoir été attaqués par les Forces armées de la RDC (FARDC) pour leur voler leur bétail, avec l’aide des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) qui comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide de 1994 (800.000 morts, selon l’ONU, principalement des Tutsis).

Selon le HCR, les violences ont débuté fin avril, avec le début de la mutinerie de soldats en majorité tutsis ont ensuite formé le Mouvement du 23 mars (M23). Ce mouvement est essentiellement composé d’anciens rebelles congolais du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), intégrés à l’armée de la RDC après un accord avec Kinshasa le 23 mars 2009 mais qui accusent le gouvernement de ne pas avoir respecté les dispositions de cet accord.L’exode des réfugiés a débuté le 27 avril.

Plus récemment, la spirale des violences a entraîné des attaques et des représailles de la part de divers groupes armés, comme les milices de combattants locaux Maï-Maï Naru, Nyatura, Raia Mutomboki, et les FDLR.Le HCR a aussi fait état de pillages et d’exactions commises par les FARDC, l’armée régulière congolaise.

Depuis quelques semaines, plus aucun combat n’a été enregistré au Nord-Kivu, ce qui a conduit 550 réfugiés à oser un retour en RDC. En août, 201 réfugiés seulement ont été accueillis au Rwanda.

Depuis le début de la rébellion du M23, plus de 220.000 personnes ont été déplacées au Nord-Kivu, dont 30.000 ont fui dans les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda.

Levif.be avec Belga

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