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Qui est Kim Jong-un, le nouveau leader nord-coréen?

Il a moins de trente ans, a étudié en Suisse… et c’est une « copie conforme » de son père, Kim Jong-il, décédé ce samedi. Portrait de Kim Jong-un, le nouveau dirigeant de la Corée du Nord.

« Etendre sa dynastie sur une troisième génération, ce serait une première dans le monde communiste! », commentait à l’automne 2010 le New York Times, alors que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il préparait l’entrée en scène de son fils, Kim Jong-un. Kim Jong-il lui-même avait déjà succédé à son père Kim Il-sung à la tête de la Corée du Nord en 1994, à la mort de ce dernier.
C’est donc chose faite. Cet homme de moins de 30 ans -son âge précis est inconnu- dont le monde entier ignorait jusqu’au visage il y a un peu plus d’un an a été désigné pour prendre la succession de Kim Il-sung, décédé ce samedi, a annoncé l’Agence centrale de presse coréenne (KCNA) ce lundi: « Tous les membres du Parti, les militaires et le public devraient suivre fidèlement l’autorité du camarade Kim Jong-un et protéger et renforcer le front uni du parti, de l’armée et du public ».

« Copie conforme de son père »

Le nom de Kim Jong-un, le troisième fils de Kim Jong-il avait commencé à circuler à l’été 2009. Mais c’est en 2010 que des chansons et des slogans de propagande comportant le nom du jeune homme se sont propagés dans le pays. Ces démonstrations annonçaient, selon les analystes, l’accélération du processus de succession dynastique, quelques jours après que Kim Jong-un avait accédé à de hautes fonctions au sein du Parti des travailleurs. Un peu plus tôt en effet, malgré son très jeune âge, il avait été nommé général quatre étoiles.

Le nouveau leader de la Corée du Nord serait né de la troisième épouse -ou maîtresse, autre information imprécise- de Kim Jong-Il, une danseuse d’origine japonaise décédée d’un cancer. Formé dans des institutions suisses où se mêlaient les enfants de diplomates de nombreux pays, Kim Jong-un y est devenu un grand amateur de basket-ball, selon les services secrets sud-coréens. Et il partageait avec son père son admiration pour Jean-Claude Van Damme, selon le quotidien britannique The Guardian. Son nom en caractères chinois signifie « nuage juste », précise le journal japonais Asahi Shimbun.

Il est une « copie conforme de son père au niveau du visage, de la corpulence et de la personnalité », raconte dans ses mémoires le Japonais Kenji Fujimoto, ancien chef cuisinier personnel du « Cher leader », autant d’éléments qui lui auraient valu la préférence de son père, aux dépens de ses deux autres frères, l’aîné Kim Jong-Nam et le deuxième fils Kim Jong-Chul.

Adoubé par Pékin

Kim Jong-Un n’était pourtant pas cité initialement par les analystes comme le mieux placé dans l’ordre de succession, son frère aîné ayant longtemps fait figure de favori. Mais celui-ci aurait perdu les faveurs paternelles depuis son expulsion du Japon où il avait tenté de pénétrer, muni d’un faux passeport, en 2001. Même s’il a ensuite été nommé à un poste clef au sein du parti des Travailleurs, la formation unique qui préside d’une main de fer aux destinées du pays. Et pour couronner l’intronisation, il a été envoyé en visite diplomatique en Chine en mai dernier, rapporte le Asahi Shimbun. Le quotidien japonais explique que Pékin préfère le statu quo à Pyongyang, de crainte qu’une reprise en main du Nord par la Corée du Sud n’amène les alliés américains de Séoul aux frontières de la Chine.

Bien entouré

Bien que désigné successeur, Kim Jong-un n’est sorti que progressivement de l’ombre, et il sera probablement bien entouré. La soeur unique de Kim Jong-Il, Kim Kyong-Hui, ainsi que son époux, Jang Song-Thaek, devraient jouer un rôle prééminent à ses côtés, secondés dans leur tâche par le chef de l’Etat-major interarmées Ri Yong-Ho, affirme le professeur Yang Moo-Jin, de l’université de Séoul. Kim Il-sung, au moment où il nommait son fils général, avait d’ailleurs en même temps nommé sa soeur et son beau-frère à des postes stratégiques, afin de créer un triumvirat familial, ajoute le Asahi Shimbun. La jeunesse de Kim Jong-Un est peut-être justement sa principale qualité aux yeux d’une vieille garde soucieuse de garder le contrôle de Pyongyang…
En tout cas, le jeune Kim « ne devrait pas engager de changement de politique drastique tant qu’il s’emploiera à asseoir son autorité », observe Baek Seung-Joo, de l’Institut coréen d’analyses militaires.

Marie Simon

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