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Qu’est-ce que l’Aléna ?

Le Vif

L’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui devrait être renégocié, a stimulé les échanges commerciaux entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada mais est responsable, selon le président américain Donald Trump, de la désindustrialisation et de la délocalisation d’usines américaines.

Entré en vigueur en 1994, l’Aléna reste un des plus importants accords de libre circulation de marchandises et de services pour les 478 millions d’habitants des trois pays nord-américains. Négocié par George Bush, il a été signé par son successeur Bill Clinton.

L’Aléna, qui avait été précédé dès 1989 par l’ALE (accord de libre-échange entre le Canada et les Etats-Unis), a progressivement supprimé la plupart des tarifs douaniers pour les marchandises certifiées d’origine. L’accord a aussi éliminé les barrières aux investissements, permettant aux entreprises de s’installer plus facilement dans les deux autres pays signataires.

C’est seulement en 2008 que les derniers droits de douane ont été totalement supprimés, même si certaines marchandises font exception comme le bois de construction, source de conflit entre le Canada et les Etats-Unis depuis plusieurs décennies.

– Les avantages avancés pour l’Aléna –

Les administrations des trois pays vantaient jusqu’à l’élection de Donald Trump les avantages du libre-échange pour leurs économies, particulièrement en matière d’emplois et d’investissements.

Sur les 15 premières années de l’accord, près de 40 millions d’emplois ont été créés, dont 25 millions aux Etats-Unis, selon l’Aléna.

C’est le Canada qui a drainé les investissements étrangers les plus importants, devant les Etats-Unis et le Mexique.

– Explosion des échanges –

Avec la suppression des tarifs douaniers, les échanges commerciaux ont explosé en aggravant les déséquilibres entre le Mexique et les Etats-Unis, avec l’avantage pour les trois pays d’avoir augmenté les volumes d’exportations et la création d’emplois.

Les exportations mexicaines vers les Etats-Unis ont été multipliées par plus de sept entre 1993 et 2016, et par moins de trois vers le Canada.

Le solde commercial des Etats-Unis avec le Mexique est passé d’un excédent de 1,6 milliard de dollars à la veille de l’Aléna à un déficit supérieur à 60 milliards en 2016, selon les chiffres officiels américains.

– Structure des échanges Mexique-USA –

Les délocalisations vers le Mexique ont modifié la structure des échanges américano-mexicains, et des biens à haute valeur ajoutée sont exportés par les Etats-Unis vers le Mexique mais aussi importés depuis ce pays comme des ordinateurs et de l’électronique.

Montré du doigt par le président Trump, les constructeurs automobiles américains ou de matériels de transport les assemblent bien souvent de l’autre côté de la frontière.

Les échanges de produits agricoles ou agro-alimentaires sont équilibrés entre les deux pays et à peine déficitaires pour le textile et l’habillement.

– Etats-Unis et Canada toujours plus riches –

Le Mexique a pu créer des emplois avec l’Aléna et accueillir des entreprises américaines et canadiennes comme les constructeurs automobiles ou aéronautiques, mais sa richesse nationale a augmenté moins vite que chez ses partenaires.

Le produit intérieur brut mexicain ramené par habitant a été multiplié par 1,6 entre 1993 et 2015, selon la Banque Mondiale. Cet indicateur de richesse a été multiplié par plus de 2 tant aux Etats-Unis qu’au Canada.

Avec un PIB par tête d’environ 9.000 dollars en 2015, le Mexique est loin derrière le Canada (43.300) et les Etats-Unis (56.115).

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