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Pourquoi la génération Y est séduite par le retour du Nokia 3310

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

HDM Global, la société finlandaise qui a repris, dans le courant 2016, les activités de Nokia à Microsoft, a décidé en lieu et place d’un nouveau smartphone sophistiqué de faire un pied de nez aux nouvelles technologies. Elle va rééditer le célèbre Nokia 3310, coqueluche de la génération Y.

Sur le Nokia 3310, cet appareil au petit écran gris et aux grosses touches, pas de messagerie Whatsapp, ni de Facebook, encore moins de mails ou de Snapchat, juste la possibilité de passer des appels et d’envoyer des SMS. Mais pourquoi ce retour en arrière de plus en plus prégnant dans d’autres secteurs également ?

Pour le psychologue du changement et chasseur de tendances Herman Konings, interviewé dans De Morgen, il n’est pas surprenant d’assister à un retour en force de ces objets vintage. La décision de HDM Global est avant tout stratégique. La société qui vient d’acquérir la marque Nokia n’est de toute façon pas en mesure de rattraper son retard face à des géants des nouvelles technologies tels que Apple, Samsung ou Huawei. Sa parade est simple: transformer cette faiblesse en force et tout miser sur son best-seller des années 2000 avec le pari qu’il retapera à nouveau dans l’oeil des Millenials, les personnes devenues adultes vers l’an 2000, décennie ou le Nokia 3310 était roi. « Nokia occupe tout simplement un créneau dans le marché », explique Konings.

Et la sauce semble prendre chez ces adultes nostalgiques de la période où les photos étaient encore imprimées sur papier, et où les soirées n’étaient pas polluées par le check compulsif d’un feed Facebook. « De plus en plus de jeunes ressentent une grande pression. Des applications comme Whatsapp et Facebook font en sorte que nous sommes accessibles tout le temps et partout, et nous nous imposons d’être disponibles non-stop pour ces applications« , avance le psychologue.

Un principe biologique fondamental

Cette situation d’alerte constante a comme effet néfaste d’épuiser notre système neurologique. Pour Herman Konings, un principe biologique fondamental entre aussi en jeu. « Quand nos filtres neurologiques reçoivent trop d’informations du même acabit, ils sont surchargés. Ils vont alors activement rechercher le mécanisme inverse, tout simplement pour tout remettre en équilibre. »

Le succès du « back to basics » n’est pas seulement visible dans la téléphonie, d’autres domaines sont touchés. On pense au succès à nouveau florissant des vinyles (et même des cassettes), des polaroids ou encore de la NES Classic, une copie de la console Nintendo des années 90, dont les stocks se sont épuisés en un rien de temps pendant les fêtes. Dans le secteur de l’édition, de plus en plus de lecteurs boycottent l’anonymat des grandes enseignes privilégiant les petites librairies indépendantes. Niveau alimentation, les concepts de nourriture simple et artisanale sont aussi plébiscités.

Plus qu’une madeleine de Proust technologique et qu’une façon de ralentir son rythme de vie quotidien, remplacer son iPhone dernier cri par un Nokia préhistorique est aussi une manière pour les Millenials de s’affirmer et de sortir du lot. « Pour pouvoir se placer en individu unique au-dessus de la mêlée, les jeunes adultes ont besoin d’autres choses que le dernier laptop ou smartphone qui vient de sortir », justifie Konings.

La génération Y désire aussi davantage de respect de sa vie privée et de son temps de loisir, ce qu’un Nokia très basique peut leur fournira. Enfin, au niveau du piratage des données, ces jeunes adultes sont aussi de plus en plus conscients que les nouvelles technologies sont moins fiables qu’un GSM plus ancien.

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