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Portugal: le ministre des Finances Vitor Gaspar, symbole de la rigueur, démissionne

Le Vif

Fervent partisan de la rigueur budgétaire, le ministre des Finances portugais Vitor Gaspar a démissionné lundi après avoir vu sa recette aggraver la récession et le mécontentement social.

Le ministre portugais des Finances, Vitor Gaspar, fervent partisan de la rigueur budgétaire recommandée par les créanciers de ce pays sous assistance financière, a démissionné lundi après avoir vu sa recette aggraver la récession et le mécontentement social. La Commission européenne a réagi en demandant au Portugal de « maintenir le rythme des réformes ».

La démission de Vitor Gaspar, même s’il faisait depuis plusieurs mois l’objet de vives critiques de l’opposition et de gauche, est apparue comme une surprise tant son nom était lié aux efforts du gouvernement en vue de rétablir les finances publiques depuis que le pays a obtenu en mai 2011 du Fonds monétaire international et de l’Union européenne un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros.

Le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a présenté la démission de Vitor Gaspar au président Anibal Cavaco Silva qui l’a acceptée, a indiqué le cabinet du chef du gouvernement de centre-droit dans un communiqué. L’ancien ministre sera remplacé par sa secrétaire d’Etat au Trésor, Maria Luis Albuquerque, en charge notamment du dossier crucial des privatisations.

Une démission surprise

« Cette démission est une surprise pour la société portugaise, comme pour la plupart du monde politique. Il s’agit du départ du plus important ministre des Finances du Portugal des dernières décennies », a estimé à la télévision le politologue Antonio Costa Pinto.

Depuis que le Portugal bénéficie d’un plan de sauvetage, Vitor Gaspar, 52 ans, qui avait jusqu’à présent bénéficié du soutien sans faille du Premier ministre, a été le principal architecte de la politique du gouvernement destinée à redresser les finances publiques. De l’avis général, son principal mérite est d’avoir contribué au retour progressif du pays sur les marchés financiers, avec en particulier la réussite début mai d’une émission de dette à 10 ans.

Mécontentement social et dissensions au sein de la coalition
Mais ses détracteurs considèrent que son application stricte des recommandations de la « troïka » (UE-BCE-FMI) en matière d’austérité est en grande partie responsable d’un fort mécontentement social et de dissensions au sein même de la coalition au pouvoir depuis juin 2011. Ce mécontentement s’est exprimé par des manifestations à répétition et pas moins de quatre grèves générales depuis l’arrivée au pouvoir en juin 2011 de la coalition de centre-droit, la dernière en date jeudi dernier.

Les difficultés rencontrées par Vitor Gaspar pour la mise en oeuvre du plan d’aide ont conduit la « troïka » des bailleurs de fonds (UE-BCE-FMI) à alléger par deux fois, en mars et septembre de l’année dernière, les objectifs budgétaires du gouvernement et lui donner jusqu’à 2015 pour parvenir à ramener le déficit publique dans la limite de 3%, fixée par Bruxelles.

« La répétition des dérapages a miné ma crédibilité en tant que ministre des Finances », a reconnu Vitor Gaspar dans sa lettre de démission au Premier ministre.

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