A Paris, les contrôles sont plus stricts qu'avant. © © BERTRAND GUAY / AFP

Portiques de sécurité pour le Thalys : un premier bilan mitigé

Stagiaire Le Vif

Retards, lenteur et mécontentements des voyageurs ; les nouveaux portiques des trains Thalys à Paris font grincer des dents. Après plus d’un mois de fonctionnement, l’initiative du gouvernement Hollande au nom de la sécurité se cherche encore.

Depuis le 21 décembre 2015, la Gare du Nord à Paris et celle de Lille-Europe sont équipées de nouveaux portiques de sécurité aux abords des quais du Thalys. Une initiative de Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et des Transports, qui déclarait fin novembre sur France-Inter son intention de renforcer les contrôles sur la ligne entre Paris et ses principales destinations de Bruxelles, Amsterdam et Cologne. Une décision inédite survenue quelques jours après les attentats terroristes du 13 novembre.

Aujourd’hui, après plus d’un mois, le bilan affiché par les portiques est loin d’être satisfaisant. En cause ? Des retards systématiques allant jusqu’à 15 minutes et une efficacité limitée. « Avant, je pouvais arriver 5 à 10 minutes avant le départ de mon train. Mais à mon dernier voyage, je suis venue 30 minutes à l’avance et c’était juste, témoigne Laurence, une Française originaire de Grenoble travaillant à Bruxelles. Je ne vois pas comment ils peuvent faire passer des centaines de voyageurs en si peu de temps à travers les portiques. »

Des moyens trop limités

A Paris, la SNCF a mis en place une équipe de sept agents de sécurité pour gérer le flux des passagers sur les deux quais de la gare. Chaque personne fait l’objet d’un double contrôle, corporel puis de ses bagages (au rayon X), avant de se rendre dans le train. Mais il s’avère que le temps d’attente de la fouille, aggravé par le manque de personnel, empêche l’afflux des personnes de transiter efficacement. Une situation constatée par Rachel Picard, directrice générale des voyages SNCF, interrogée par La Tribune; « nous n’arrivons pas à contrôler tous les passagers en 20 minutes et nous faisons un mix entre les contrôles systématiques et les contrôles aléatoires ».

Paradoxe de la situation, ces contrôles aux portiques ne rassurent pas sur le plan sécuritaire. « Je m’attendais à des contrôles drastiques comme à l’aéroport et à des contrôles pendant tout le trajet, mais ça n’a pas été le cas du tout, s’étonne Paola, une étudiante de 24 ans de retour d’Amsterdam. D’ailleurs, vendredi dernier, la queue était horrible à cause d’un bagage oublié. Et comme on a attendu une heure et que c’était bien le bazar, on n’est pas passés sous les portiques et ils n’ont contrôlé personne. »Un laxisme renforcé par l’absence de portiques similaires aux autres arrêts du Thalys, comme à Bruxelles ou Cologne, où les contrôles sont effectués de manière aléatoire. Une politique qui dépend en droite ligne du pays concerné.

L’image de Thalys écornée ?

Chaque jour, ils sont nombreux à effectuer le trajet entre Paris et Bruxelles, le plus souvent pour raisons professionnelles. Parmi ces navetteurs, la plupart disent apprécier le confort du voyage ; « si je prends le train plutôt que l’avion, c’est parce qu’il n’y a pas de restrictions pour les bagages et pas d’attente, explique Laurence. Et puis j’aime bien le Thalys parce qu’il est confortable et généralement à l’heure. Mais si je perds autant de temps, je vais sans doute me rabattre sur la voiture, peut-être le covoiturage. »

Outre les avis amers, un inconvénient supplémentaire pourrait bientôt s’inviter ; le coût du billet. Installer ces nouvelles installations a en effet demandé un investissement, humain et financier, qui pourrait influencer le prix des trajets. « Qui va payer pour l’installation des portiques ? s’interroge Laurence. Parfois, l’avion est moins cher que le train donc je risque d’abandonner le Thalys si les prix, déjà élevés, augmentent. »

Si l’initiative des portiques est à souligner au vu de la hausse de la menace terroriste sur le territoire français, les complications qu’elle entraîne pourraient bien à terme causer plus de tort que de bien à la réputation de Thalys.

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G.A

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