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Moubarak renversé, que va faire l’armée ?

Le président égyptien Moubarak se retire après 30 ans de pouvoir. La pression de la rue a eu raison de lui. L’armée prend de facto le pouvoir.

Un séisme dans le monde arabe. La fuite du président Zine el Abidine Ben Ali après un mois de révolte de la population tunisienne était un événement. La démission du président égyptien Hosni Moubarak après trois semaines de contestation, est un moment historique dans l’histoire du monde arabo-musulman et dans l’Histoire tout court.

Le raïs devait commémorer cette année le 30e anniversaire de son accession au pouvoir, le 14 octobre 1981, à la tête de l’Etat arabe non seulement le plus peuplé (quelque 84 millions d’habitants) mais aussi parmi les plus influents sur la scène internationale. Autant dire que l’ensemble des pays de la région vont en ressentir l’onde de choc. Hosni Moubarak et sa famille ont quitté vendredi Le Caire pour la cité balnéaire de Charm el Cheikh. Il est probable que les opposants qui ont précipité sa chute lui accorderont le droit de « mourir en Egypte » comme il en avait exprimé le souhait et lui éviteront un exil en Arabie saoudite, comme les Tunisiens y ont contraint Ben Ali.

D’autant plus que Hosni Moubarak écarté, son régime n’est pas pour autant renversé. Le vice-Président Omar Souleimane, nommé sous la pression de la rue après le « vendredi de la colère », la grande manifestation du 29 janvier, a été explicite dans le communiqué qu’il a lu vendredi : « Hosni Moubarak a (…) chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays ». Le rôle de l’institution militaire dans le changement de pouvoir en Egypte est ainsi révélé au grand jour. C’est sans doute l’état-major, « conseillé » par l’administration américaine, qui a poussé Hosni Moubarak vers la sortie vendredi, voyant que son discours de jeudi soir où il annonçait avoir transféré des compétences au vice-Président, n’avait pas suffi à dissuader les Egyptiens de manifester leur mécontentement aggravé par la déception. Ils étaient encore un million vendredi sur le place Tharir.

La foule a salué l’annonce de la démission du Président Moubarak après 30 ans de pouvoir par une énorme clameur et une liesse qui devait durer toute la nuit. « C’est comme si on avait gagné la finale de la Coupe du monde de football. Mais aujourd’hui, on a surtout gagné une fierté », a commenté un correspondant de la télévision de France 24. Comme en écho à ce qui allait advenir, plus tôt dans la journée, trois militaires en poste sur la place avaient retiré leur uniforme pour se joindre aux manifestants.

L’avenir, cependant, reste incertain. Et il est acquis que l’armée sera amenée à jouer un rôle dans ce que la communauté internationale espère être « une transition politique » douce. A ce titre, des hommes comme le premier ministre Ahmed Chafik, ancien chef de l’armée de l’air, et comme le chef d’état- major de l’armée Sami Anan, vont être des personnages-clés dans les prochains jours.

Gérald Papy

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