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Libye: 3 heures 30 pour récupérer un pilote éjecté

Trois heures trente entre son éjection et son retour sain et sauf à bord d’un navire américain: l’opération de sauvetage du pilote du F-15 qui s’est écrasé lundi près de Benghazi s’est déroulée selon un scénario bien rodé, impliquant toutefois le largage de deux bombes.

23h33 (22h33 HB): un chasseur-bombardier F-15E participant à un raid visant la défense anti-aérienne libyenne s’écrase à la suite d’un incident technique. Le pilote et son navigateur/officier d’armement ont le temps de s’éjecter.

Immédiatement, une opération de « recherche et de sauvetage au combat » (C-CAR en jargon) est mise en oeuvre à bord du USS Kearsarge à 250 km de là, un navire d’assaut amphibie, raconte à quelques journalistes un officier de haut rang du corps des Marines.

« Il y a une équipe de sauvetage en alerte à chaque fois qu’il y a des équipages en l’air », explique-t-il sous le couvert de l’anonymat.

Dix-sept minutes plus tard, deux avions à décollage vertical AV-8B Harrier s’envolent du Kearsarge pour aller fournir un soutien au-dessus de la zone où l’équipage s’est éjecté à Ghot Sultan, près de Benghazi, un fief de l’opposition. Un F-16 patrouille déjà dans les environs.

« Si le pilote voit des forces dont il ne sait pas si elles sont amies ou ennemies, il dispose déjà d’un soutien aérien en attendant l’hélicoptère », justifie l’officier.

Un KC-130 décolle de son côté de la base de Sigonella (Sicile) pour fournir un ravitaillement en vol aux appareils mobilisés. Le président Barack Obama, qui se trouve au Chili, est mis au courant à 00H45 (19H45 à Santiago) à son hôtel par son conseiller à la sécurité nationale, Tom Donilon.

Au sol, le manuel dit que l’équipage est censé se mettre à l’abri ou se rendre à des points de récupération prédéterminés pour prendre contact avec les secours. « Comme dans les films », détaille l’officier: « c’est très codifié et ils disposent de tout l’équipement de survie nécessaire dans le siège éjectable ».

A 01H20, les deux Harriers arrivent à Ghot Sultan et entrent en communication avec le pilote.

Dès lors, l’opération de sauvetage elle-même peut débuter: à 01H33, deux MV-22 Osprey, un appareil hybride décollant comme un hélicoptère et volant comme un avion, décollent du Kearsarge, suivis 18 minutes plus tard par deux hélicoptères lourds CH-53 Sea Stallion.

A bord de ces hélicoptères de transport, une « force de réaction rapide » de 46 Marines amenés à sécuriser le périmètre le temps de l’évacuation du pilote si l’ennemi se trouve dans la zone.

Pendant ce temps, les deux Harrier larguent deux bombes GBU-12 de 500 livres (227 kilos), « je pense comme mesure de précaution pour tenir éloignée une force qui s’approchait », estime-t-il, précisant que cette démonstration de force vise à dissuader, les bombes étant larguées entre le pilote et les personnes tentées de s’approcher.

Quelqu’un a-t-il tiré sur les avions ou le pilote? « Pas que je sache », avoue l’officier. Huit hommes ont été blessés, ont indiqué à l’AFP des sources hospitalières à Benghazi.

A 02h19, les Ospreys puis les Sea Stallion arrivent au-dessus du terrain où se trouve le pilote et patrouillent les environs pour évaluer si la zone est calme. C’est le cas: la force de réaction rapide n’a pas à intervenir.

A 02h38, l’un des Ospreys se pose et son équipage récupère le pilote.

03h00: le pilote est ramené sain et sauf à bord du Kearsarge.

En ce qui concerne l’officier d’armement, le Pentagone s’est en revanche montré plus discret, se contentant d’annoncer qu’il avait été pris en charge par des forces de l’opposition libyenne – avec qui les militaires de la coalition n’ont officiellement aucun contact – puis récupéré par les Américains.

Levif.be avec Belga

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