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Les USA n’abandonnent pas l’Europe mais attendent plus d’elle

Les Etats-Unis ont assuré qu’ils n’abandonnaient pas l’Europe en dépit de leur nouvelle stratégie donnant la priorité à l’Asie et au Moyen-Orient, mais prévenu que le Vieux continent devrait investir davantage pour assumer sa défense.

L’Europe reste « un partenaire essentiel » pour les Etats-Unis, ont affirmé dans un même élan la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, et son collègue de la Défense, Leon Panetta, à la conférence sur la sécurité de Munich. « J’ai entendu toutes les questions sur la place que va prendre l’Europe dans la vision globale de l’Amérique. J’ai entendu les doutes exprimés. Mais la réalité ne peut être plus limpide: l’Europe est le partenaire de premier choix pour les Etats-Unis », a insisté Mme Clinton.

Ces inquiétudes sont liées à la nouvelle stratégie américaine présentée par le président Barack Obama, pour laquelle les régions prioritaires sont désormais l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient, et non plus l’Europe. Ce net infléchissement a commencé à se concrétiser dans le vaste plan d’économies, d’une valeur de 487 milliards de dollars, lancé par le Pentagone. L’armée de terre américaine va retirer deux de ses quatre brigades de combat en Europe, soit environ 7.000 hommes.

« Ce nouveau contexte crée un sentiment d’inquiétude, en particulier dans les nouveaux pays alliés d’Europe centrale et de l’Est », a témoigné un haut responsable de l’Otan. M. Panetta s’est voulu rassurant: si les Etats-Unis retirent des soldats, ils s’engagent avec force dans d’autres programmes transatlantiques comme le bouclier antimissile ou l’achat de cinq drones « Global Hawk » pour le système de surveillance aérienne (AGS) de l’Otan.

Il a également annoncé samedi la participation d’une brigade américaine à la Force de réaction rapide de l’Otan, la « NATO Response Force » (NRF), créée en 2002 par l’Alliance atlantique et censée être composée de 13.000 hommes.

L’Europe demeure le « partenaire de choix » pour des actions militaires et diplomatiques communes, « comme l’a prouvé la Libye et le démontre l’Afghanistan », a insisté le secrétaire à la Défense. Mais, ont prévenu Mme Clinton et M. Panetta, cette coopération transatlantique et la crise économique ne doivent pas servir d’excuses aux pays européens pour « réduire davantage les budgets » militaires.

Les Etats-Unis supportent 75% des dépenses militaires de l’Otan et seuls quatre autres des 28 pays de l’Alliance – Royaume-Uni, France, Grèce et Albanie – consacrent 2% de leur PIB à la défense, la norme en principe agréee par tous.

Le président polonais Bronislaw Komorowski s’est déclaré « convaincu » samedi que « le temps était venu pour l’Union européenne de prendre ses responsabilités pour la sécurité de l’Europe et de ses environs (…) Elle doit passer des discours aux actes ».

Cette volonté, largement partagée, se heurte cependant aux difficultés économiques, les projets de coopération dans ce domaine restant jusqu’à présent modestes ou dans les cartons.

Egalement présent à Munich, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a demandé aux autres Européens de ne pas maintenir « un climat de confrontation » avec le projet de bouclier antimissile, considéré comme « une menace » par Moscou.

Considérée comme le « Davos de la sécurité », la conférence de Munich va également débattre jusqu’à dimanche de la crise en Syrie, de l’Iran et de la montée en puissance de l’Asie. Les responsables européens y sont moins présents que les années précédentes, à l’exception du Premier ministre italien Mario Monti, de la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, et du ministre belge de la Défense, Pieter De Crem.

LeVif.be, avec Belga.

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