Mario Vargas Llosa (premier rang au centre) © AFP

Les indépendantistes ne détruiront pas « la démocratie espagnole »

Le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa a affirmé qu’aucune « conjuration indépendantiste » en Catalogne ne détruirait la démocratie espagnole, dans un discours prononcé dimanche devant des centaines de milliers de personnes rassemblées à Barcelone contre l’indépendance de la région.

« La démocratie espagnole est là et bien là, aucune conjuration indépendantiste ne la détruira », a déclaré l’écrivain de nationalité espagnole et péruvienne, après avoir rendu un hommage appuyé à Barcelone, « capitale espagnole de la culture, ouverte sur le monde ».

« Nous voulons que la Catalogne redevienne la capitale culturelle de l’Espagne comme elle l’était quand je suis venu vivre ici », a dit le romancier de 81 ans, lauréat du Nobel de littérature 2010, qui vécut dans la capitale catalane dans les années 70.

« La passion peut être destructrice et féroce quand l’animent le fanatisme et le racisme. La pire de toutes, celle qui a causé le plus de ravages dans l’Histoire, c’est la passion nationaliste », a poursuivi l’écrivain depuis une scène installée en face de la Gare de France, point d’arrivée de la manifestation, la première à Barcelone contre l’indépendance de la Catalogne depuis le début de la crise entre les séparatistes et Madrid.

« Il faut beaucoup plus qu’une conjuration putschiste (…) pour détruire ce qui a été construit en 500 ans d’Histoire, nous n’allons pas le permettre », a-t-il dit, ajoutant: « Ici sont réunis des citoyens pacifiques qui croient au vivre ensemble et à la liberté. Nous allons démontrer à ces indépendantistes minoritaires que l’Espagne est un pays moderne ».

Les indépendantistes, a-t-il encore accusé, forment « une conjuration qui veut réduire (l’Espagne) à un pays tiers-mondiste », concluant son discours par un « Vive la liberté, vive la Catalogne et vive l’Espagne », mêlant catalan et espagnol.

Manifestation au parlement européen à Bruxelles

Plus de 500 personnes se sont rassemblées dimanche à midi, sur l’esplanade du Parlement européen à Bruxelles, en soutien à la manifestation des anti-indépendantistes à Barcelone. Sous le slogan « Assez! Revenons au bon sens », les manifestants arboraient des drapeaux officiels de la Catalogne, mais aussi des drapeaux de l’Espagne et de l’Union européenne. Des pancartes portaient aussi le message « Som Catalans. Somos Espagnols. We are europeans ». Ce rassemblement a été organisé à l’appel du mouvement « La société civile de Catalogne ».

Les manifestants défendent le respect de la loi d’autonomie de la Catalogne et l’unité de l’Espagne. Ils estiment qu’il n’est pas bon de se replier sur soi-même et qu’il est préférable que les peuples s’unissent au niveau de l’Espagne et plus largement au sein de l’Union européenne. « L’unité c’est la force », estime Adriana Florit (32 ans), une bénévole originaire de Catalogne au sein du mouvement « La société civile de Catalogne ». « On voit déjà des grandes entreprises et des grandes banques dire qu’elles vont quitter la Catalogne. L’économie va en souffrir. A l’échelle politique, les seuls qui vont bénéficier de tout ça sont les mouvements anarchistes d’extrême gauche qui sont dans le gouvernement catalan. »

Les manifestants craignent des répercussions économiques négatives pour le peuple de Catalogne. « Les mouvements indépendantistes ont gagné en force avec la crise économique en Espagne », constate Adriana Florit. « Mais aujourd’hui, les gens se rendent compte que cela va toucher leur porte-monnaie et ils commencent à changer d’avis ».

Malgré l’interdiction de la Cour constitutionnelle, le gouvernement séparatiste de Catalogne a organisé le 1er octobre un référendum d’autodétermination. Il avance que le oui l’a emporté à 90% des voix et que la participation s’est élevée à 42% (2,26 millions de votants) malgré la répression policière. Le référendum a cependant été boycotté par tous les partis d’opposition aux séparatistes, laissant supposer que la part des personnes contre l’indépendance ont été peu nombreuses à faire le déplacement. En signe de fermeté, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy menace d’utiliser l’article 155 de la Constitution et de suspendre l’autonomie de la Catalogne si l’exécutif de la Région ne revient pas sur sa volonté de déclarer l’indépendance. Dimanche, près d’un million d’opposants à l’indépendance sont descendus dans les rues de Barcelone.

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