A Berlin. © Reuters

Les députés allemands lancent le 25e anniversaire de l’ouverture du Mur

Les députés du Bundestag ont donné vendredi le coup d’envoi des célébrations des 25 ans de l’ouverture du Mur, le 9 novembre 1989, qui culminera dimanche avec une grande « fête populaire » qui marquera cet événement historique, prélude à la Réunification allemande onze mois plus tard.

Les chefs des différents groupes parlementaires de la chambre basse du Parlement se sont succédés à la tribune avec des souvenirs personnels qui prenaient une dimension historique. « Le Mur était devenu un monstre », une « frontière terrible » sur laquelle des « Allemands ont perdu la vie parce qu’ils voulaient une vie meilleure », a déclaré la sociale-démocrate (SPD) Iris Gleicke, la voix parfois altérée par l’émotion.

« Le jour où le Mur est tombé » est un jour « historique » pour le peuple allemand, a déclaré de son côté l’élue conservatrice (CSU) Gerda Hasselfeldt, rappelant que cet événement s’était produit sans une goutte de sang ni sans « qu’aucun coup de feu ne soit tiré ». Une passe d’armes a opposé le chanteur et ancien dissident est-allemand Wolf Biermann, déchu de sa nationalité par la RDA en 1976, aux députés de Die Linke, un parti créé en 2007 par d’anciens communistes de RDA et des déçus du SPD.

Apostrophé alors qu’il chantait, M. Biermann, 77 ans, a répliqué que cette formation n’était que « le reste misérable de ce qui a heureusement été dépassé ». Quelque deux millions de visiteurs, selon la presse allemande, sont attendus à Berlin ce week-end, en dépit d’une grève ferroviaire historique, prévue jusqu’à lundi. Vendredi soir, une chaîne de 8.000 ballons lumineux dessinera, sur une quinzaine de km, le tracé de l’ancien Mur, avant d’être lâchés dimanche soir dans le ciel, au son du dernier mouvement de la 9e symphonie de Ludwig van Beethoven, l’Ode à la joie, hymne de l’Union européenne.

Parallèlement, Mikhaïl Gorbatchev, 83 ans, Prix Nobel de la paix, sera en visite à Berlin où il est nettement plus populaire que dans son pays, car crédité d’un rôle majeur dans la Réunification allemande. Samedi, le dernier dirigeant de l’Union soviétique participera à un débat qui doit évoquer le regain de tension récent entre l’Ouest et la Russie. Lundi soir un entretien est prévu avec la chancelière Angela Merkel. Dimanche, c’est la Porte de Brandebourg, au coeur de la capitale, qui sera au coeur des célébrations baptisées « Le courage de la liberté ». Symbole de la partition puis de l’unité de la ville et de l’Allemagne, l’édifice surmonté du célèbre quadrige se trouvait à l’Est, longé par le Mur, dans un no man’s land.

L’orchestre de la Staatskapelle, sous la direction de l’Israélo-Argentin Daniel Barenboim, y donnera à la mi-journée le coup d’envoi de cette fête géante. Des artistes contemporains prendront ensuite le relai avant un hommage vers 18h00 aux « victimes du Mur », mortes en tentant de franchir l’édifice. Leur nombre est incertain: dans toute l’ex-RDA, au moins 389 personnes ont péri en essayant de fuir, selon un chiffre officiel que les associations de victimes jugent sous-évalué. Dans la soirée, d’autres artistes se produiront, dont le vétéran du rock allemand, Udo Lindenberg, auteur en 1983 de « Sonderzug nach Pankow » (« Train spécial pour Pankow », du nom d’un quartier de Berlin-Est), dans lequel il raille le dernier des dirigeants est-allemands, Erich Honecker, pour ne pas l’avoir autorisé à jouer en RDA.

Le Britannique Peter Gabriel, ex-chanteur et fondateur du groupe Genesis, interprètera « Heroes », le tube enregistré en 1977 près du Mur par David Bowie, qui vivait à Berlin-Ouest.

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