Jean-Claude Juncker et Charles Michel © Belga

« Le soutien de la population à l’UE n’est pas en chute libre »

Le Vif

À en croire une enquête réalisée parmi 12 000 citoyens des 28 états membres, nous ne sommes pas eurosceptiques et désinformés à propos de l’Union européenne. « Nous regardons l’UE de manière adulte ».

L’enquête de la fondation allemande Bertelsmann Stiftung révèle que si l’on organisait un referendum aujourd’hui, 71% des Européens voteraient en faveur de l’adhésion à l’UE. 59% des répondants souhaitent même plus d’Europe sur le plan politique et économique. En même temps, 72% expriment leur désaccord face à la politique actuelle. Au sein de la zone euro, ce chiffre s’élève même à 77%.

« La confiance en l’Union européenne nous a étonnés » explique l’auteur principal du projet, Isabell Hoffmann. « On dit depuis des années que ‘le citoyen’ se détourne de l’UE, que le soutien à l’Union est en chute libre. Mais ce n’est pas vrai. La plupart des citoyens ne renient pas l’UE. Aujourd’hui, les gens pensent de façon plus nuancée. Ils comprennent qu’il est plus d’intéressant de coopérer au niveau européen. Simultanément, ils ont l’impression que pour l’instant le système ne fonctionne pas. Mais cela ne signifie pas : ‘Sortons de l’Union’ Tout au plus : ‘Étudions comment mieux faire.' »

Comment l’Europe peut-elle mieux fonctionner ?

Isabell Hoffmann: On n’a pas posé cette question. Mais on voit qu’une nette majorité de citoyens adhère à l’idée de grands référendums européens. Et une majorité aussi grande ne souhaite pas de président européen élu. On préfère une diffusion du pouvoir à une centralisation.

71% des Européens sont favorables à l’Union, 59% plaident même pour plus d’Europe. Notre euroscepticisme est-il surestimé ?

Hoffmann: Oui, et je trouve que ce terme est mal choisi. Le citoyen n’est pas sceptique, il est tout au plus ambivalent à l’égard de l’Union. Aujourd’hui les gens font la distinction entre les institutions et la politique. C’est une mentalité très adulte.

Qu’est-ce qui a changé?

Hoffmann: On a développé une conscience européenne. On a râlé des années à propos de l’UE, mais c’était quand même surtout dans le vide. Nous étions insatisfaits, mais nous ne savions pas tout à fait pourquoi. Aujourd’hui, l’attention médiatique à l’égard de l’UE est beaucoup plus importante, ce qui nous donne une meilleure compréhension du fonctionnement de l’Union et nous permet de nous faire une idée plus nuancée. Au sein de la zone euro, 74% disent même qu’ils sont bien formés à la politique de base de l’UE. D’ailleurs, ceux qui se montrent critiques à l’égard de l’Union visent également la politique intérieure.

À peine 46% des participants qualifient les frontières ouvertes de « l’une des plus grandes réalisations » de l’UE. C’est peu, d’autant plus que l’enquête a été menée en juillet, avant que n’éclate la crise des réfugiés.

Hoffmann: Je suis d’accord, mais nous n’avons pas demandé: ‘Adhérez-vous à une politique de frontières ouvertes ?’ On ne peut donc pas en conclure que 54% souhaitent fermer les frontières.

Et singulièrement, 45% trouvent ‘inconvenant’ que l’Allemagne joue un rôle pionnier en Europe.

Hoffmann: « Singulièrement bas, vous voulez dire? En tant qu’Allemande, j’étais surprise que 55% accepte ce rôle de pionnier. Car on ne peut nier qu’une partie de la presse anglo-saxonne aime à nous traiter de ‘superpouvoir infâme’. Je m’attendais à pire. Mais il me semble étrange qu’une grande partie de l’Europe se tourne vers Berlin ».

Kristof Dalle

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