Donald Trump © Reuters

Le pari de Trump pour abroger la loi sur la santé d’Obama

Le Vif

Donald Trump joue vendredi sa réputation de négociateur et sa crédibilité de président lors d’un vote à haut risque au Congrès américain pour réformer le système de santé, un groupe d’élus de la majorité républicaine persistant à lui tenir tête.

La Chambre des représentants votera vendredi après-midi pour remplacer « Obamacare », la refonte du système de santé signée par Barack Obama il y a sept ans, et que les républicains ont fait voeu d’abroger dès leur retour au pouvoir.

Vendredi matin, on ignorait si le texte recueillerait une majorité des voix et si Donald Trump essuierait une cinglante défaite politique ou triompherait. L’opposition démocrate est totalement contre, et une trentaine de républicains modérés et conservateurs ont pris position contre le texte dévoilé le 6 mars dernier, suffisamment pour le torpiller.

Le président américain, après d’innombrables réunions, a décidé jeudi soir de mettre fin aux négociations et lancé un ultimatum à son camp: approuvez la réforme, ou laissez Obamacare en place.

« Après 7 années d’une horrible Obamacare (des primes et un tiers-payant qui flambent, de mauvais soins), voici la chance d’avoir un bon plan » santé, a-t-il aussi écrit vendredi sur Twitter.

Le pari du milliardaire est que les républicains n’oseront pas faire échouer la première grande loi du mandat, et se fâcher avec lui.

Mais M. Trump, selon ses détracteurs, sous-estime l’impact réel de la réforme, qui va sabrer les aides publiques aux personnes qui n’ont pas d’assurance santé grâce à leur employeur et doivent financer elles-mêmes leur couverture.

Quelque 14 millions de personnes devraient sortir du système d’assurance maladie dès l’année prochaine, selon les prévisions. Les coûts individuels vont augmenter, et des services essentiels instaurés par Obamacare, tels que les urgences et les soins grossesse, ne seraient plus obligatoirement couverts. C’est l’inquiétude des républicains modérés.

De l’autre côté du parti, les ultra-conservateurs du « Freedom Caucus » disent que le plan républicain n’est qu’une version édulcorée d’Obamacare et ne permettra pas de faire baisser les coûts.

Pour Nancy Pelosi, la chef de la minorité démocrate, forcer un vote sans être certain du résultat est une « erreur de débutant ».

« Il faut d’abord créer un consensus au sein de son groupe. Et quand on est prêt, on fixe une date et on vote », a expliqué la démocrate, ancienne présidente de la Chambre.

Trump responsable

La Chambre compte actuellement 430 élus, dont 193 démocrates et 237 républicains et le vote se fait à la majorité.

Donald Trump a investi un capital politique considérable dans la réforme, même s’il en a laissé la rédaction à Paul Ryan, le quadragénaire qui préside la Chambre depuis 2015.

Son ultimatum n’était pas du goût de certains parlementaires. Thomas Massie, qui votera non, s’est ainsi étonné que l’exécutif dicte au pouvoir législatif son ordre du jour. « Est-on en république? »

Mais globalement, la trentaine d’élus du Freedom Caucus a pu négocier directement avec le président et beaucoup ont chanté ses louanges tout au long des pourparlers.

« Ce président a été plus impliqué qu’aucun autre président depuis que je suis devenu parlementaire il y a 15 ans », saluait jeudi Trent Franks, élu de l’Arizona, après une ultime réunion à la Maison Blanche.

« Ce président a fait tout ce qu’il pouvait pour que tout le monde comprenne les conséquences de vote », a pour sa part assuré le ministre de la Santé, Tom Price, sur CNN vendredi.

Les démocrates, de leur côté, dénoncent une loi catastrophique qui se révèlera coûteuse politiquement pour les républicains, une fois que les Américains en subiront les effets.

« Quoiqu’il arrive, c’est de leur responsabilité », a prévenu le parlementaire démocrate Joe Crowley sur CBS. « Toute conséquence négative sera de leur responsabilité ».

Selon un sondage Quinnipiac, 56% des Américains s’opposent aujourd’hui au plan républicain, contre 17% qui l’approuvent et 26% d’indécis.

Si le texte était adopté vendredi, la chambre haute du Congrès, le Sénat, l’examinera la semaine prochaine. La majorité républicaine y est encore plus fragile, avec 52 sénateurs sur 100, et d’ores et déjà le texte actuel est assuré d’un échec. Il y aura donc de nouveaux amendements et de nouveaux marchandages.

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