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La Turquie condamne « fermement » la reconnaissance du génocide arménien par les députés néerlandais

Le Vif

La Turquie a « fermement » condamné jeudi la décision prise par les députés néerlandais de qualifier de génocide les massacres des Arméniens sous l’Empire ottoman il y a un siècle, faisant monter d’un cran des tensions déjà vives.

« Nous condamnons fermement la décision prise aujourd’hui par la chambre des représentants des Pays-Bas de reconnaître comme génocide les événements de 1915 », déclare le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les députés néerlandais ont voté massivement jeudi en faveur de la reconnaissance du génocide arménien, par 142 voix contre trois. La chambre basse du Parlement a en outre accepté d’envoyer un représentant du gouvernement à Erevan le 24 avril pour la commémoration des massacres perpétrés.

Les Arméniens estiment qu’un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l’Empire ottoman entre 1915 et 1917. Nombre d’historiens et plus de vingt pays, dont la France, l’Italie et la Russie, ont reconnu qu’il y avait eu un génocide.

Mais Ankara refuse catégoriquement l’utilisation du terme de « génocide », évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Signe de l’irritation provoquée par le vote des députés néerlandais, Ankara a renvoyé les Pays-Bas au massacre de Srebrenica en 1995 en Bosnie, où l’Etat néerlandais a été reconnu partiellement coupable du décès de 350 musulmans. « Les décisions infondées prises par le Parlement d’un pays qui a fermé les yeux sur le génocide de Srebrenica (…) n’ont aucune place dans l’Histoire », a ainsi grincé le ministère turc des Affaires étrangères.

Le ministère turc indique également avoir « pris note » de l’attitude du gouvernement néerlandais qui s’est distancié de la motion votée par les députés.

Le vote des députés néerlandais jeudi survient alors que les relations bilatérales sont au plus bas depuis que les Pays-Bas ont annoncé début février le retrait de leur ambassadeur à Ankara et leur refus d’accueillir un représentant turc sur leur sol.

Le gouvernement néerlandais avait empêché en mars 2017 deux ministres turcs de s’exprimer lors d’un meeting organisé pour la communauté turque à Rotterdam à l’occasion de la campagne du référendum sur le renforcement des pouvoirs présidentiels.

Plus d’un siècle après les faits, la question du génocide des Arméniens est une source de tensions régulières entre la Turquie et les pays européens.

Le mois dernier, Ankara avait vivement critiqué le président français Emmanuel Macron après que ce dernier se fut engagé à instaurer une « journée pour la commémoration du génocide » arménien.

Et en 2016, Ankara avait rappelé son ambassadeur à Berlin après l’adoption par les députés allemands d’une résolution reconnaissant le génocide arménien.

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