© REUTERS/Esam Omran Al-Fetori

La Libye en proie au chaos total

Stagiaire Le Vif

La situation en Libye ne s’améliore pas, loin de là. Les violences ne connaissent aucune trêve. Les autorités libyennes se montrent tout à fait incapables de contenir les dizaines de milices qui font la loi dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Ces derniers jours, ce sont les Occidentaux qui battent en retraite.

Depuis le « Printemps Arabe » et la chute du colonel Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011, les autorités libyennes n’ont jamais été capables de prendre le contrôle d’un pays dévasté par une guerre civile sans précédent. Des milices, qui se comptent par dizaines, font la loi et terrorisent la population. Ce sont les villes de Tripoli (capitale libyenne) et de Benghazi (fief de la révolution) qui sont essentiellement touchées par ce chaos .

Une lutte d’influence suite aux élections

Selon des experts libyens, ces combats participent à une lutte d’influence entre courants politiques, qui fait suite aux législatives du 25 juin, dont les résultats définitifs devraient être annoncés cette semaine.

À Tripoli, ce ne sont pas moins de 97 personnes qui ont été tuées et plus de 400 autres blessées depuis le début des combats le 13 juillet entre des milices rivales. Ces combats se concentrent surtout autour de l’aéroport, qui a d’ailleurs été fermé après avoir été partiellement détruit.

Cette guerre civile est en fait un affrontement entre des combattants islamistes et leurs anciens compagnons d’armes venus de Zenten, à l’ouest de Tripoli, l’une des villes les plus puissantes de la Libye post-Kadhafi. Considérés comme le bras armé de la mouvance libérale, les ex-rebelles de Zenten contrôlent l’aéroport de Tripoli ainsi que plusieurs autres sites militaires et civils du sud de la capitale.

Restée en dehors du conflit jusqu’à présent, la ville de Benghazi, dans l’est du pays, est également depuis vingt-quatre heures le théâtre de violents affrontements entre l’armée et des groupes islamistes, dont Ansar Al-Charia, classé par Washington comme une organisation terroriste. Au moins 38 personnes, essentiellement des soldats, ont été tuées. On compte également quelque 50 blessés. Samedi, les insurgés avaient lancé une offensive contre le quartier général de l’unité des forces spéciales de l’armée, situé dans le centre de la ville.

Incendie d’un réservoir menaçant Tripoli

Dimanche soir, la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), par la voix de son porte-parole, Mohamed Al-Hrari, a prévenu les autorités de la « catastrophe » qui pourrait avoir lieu dans la capitale. En effet, un réservoir contenant six millions de litres de carburant a pris feu après avoir été touché par une roquette, lors de combats dans le sud de Tripoli.

Lundi matin, l’incendie n’avait toujours pas pu être circonscrit. Les autorités ont alors appelé les habitants des environs à quitter la zone, par crainte d’une « explosion d’une grande ampleur ». Le gouvernement libyen a demandé une aide internationale immédiate afin d’éviter une catastrophe majeure. « Plusieurs pays ont annoncé leur disposition à envoyer des avions ». Le danger le plus important est une propagation des flammes aux réservoirs de gaz ménager, selon M. Al-Hrari.

Les djihadistes viennent aider les islamistes

Depuis plusieurs mois, les déclarations tant occidentales qu’africaines faisant du Sud libyen un « nouveau sanctuaire des djihadistes » dans le Sahel se multiplient. Tous pointent du doigt les djihadistes en déroute du Mali, suite à l’intervention de l’armée française. Ces derniers auraient trouvé refuge dans ces vastes étendues désertiques échappant au contrôle de l’État libyen.

Dans des propos recueillis par France 24, Wolfram Lacher, chercheur à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité et spécialiste de la Libye, déclare : « la mobilisation dans le Sud libyen se fait essentiellement sur base ethnique ou tribale. Alors qu’à Benghazi, Derna et dans d’autres villes du Nord, c’est tout le contraire : la mobilisation des djihadistes est forte et leur présence ouverte ».

Concernant la possible intervention occidentale, il ajoute : « Il n’y a pas de solution rapide aux problèmes de la Libye. Et surtout pas de solution venue de l’extérieur. Une intervention étrangère serait rejetée par une majorité des Libyens. En outre, il serait très dangereux pour Tripoli ou des puissances étrangères de s’allier avec des milices locales contre les djihadistes. L’intervention d’acteurs externes sur le terrain risquerait de liguer des milices locales et mettrait un frein à toute reprise en main par le gouvernement central ».

Evacuation des Occidentaux

Dans un climat particulièrement hostile, plusieurs pays européens dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Turquie, l’Espagne, l’Italie, Malte, mais aussi la Belgique ont lancé un seul et même appel à leurs ressortissants : « Quittez le pays au plus vite ». Dimanche, un convoi de l’ambassade britannique a été attaqué. Son porte-parole a évoqué une tentative de vol de voiture qui n’a heureusement pas fait de victimes. Les Etats-Unis, dont l’ambassade est située sur la route de l’aéroport de Tripoli, ont évacué tout leur personnel diplomatique samedi par voie terrestre, sous une couverture aérienne.

En plus de l’insécurité, les ressortissants étrangers et les habitants de Tripoli font face à une dégradation sans précédent des conditions de vie, avec des coupures fréquentes d’électricité et d’eau courante, auxquelles s’ajoute une pénurie de carburant.

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