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La lettre de démission d’un Kouchner « humilié » par l’Elysée

Le Nouvel observateur publie cette semaine une lettre de démission remise à Nicolas Sarkozy par le ministre des Affaires étrangères.

A quelques semaines du remaniement ministériel, Bernard Kouchner prend les devants. Le ministre des Affaires étrangères a en effet remis une lettre de démission au chef de l’Etat, selon Le Nouvel Observateur, à paraître ce jeudi.

Dans cette lettre manuscrite qu’a pu consulter le magazine, Bernard Kouchner parle « d’inflexion sécuritaire », prend acte de « la fin de l’ouverture » à gauche opérée par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir en 2007, et dénonce des « humiliations » venues « des conseillers » du président, selon la même source.

Il n’a pas été possible dans l’immédiat d’obtenir un commentaire de l’entourage du ministre. Nicolas Sarkozy prépare un remaniement ministériel pour l’automne et le non-renouvellement de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay est jugé vraisemblable dans la classe politique et au sein même du ministère.

Il y a dix jours, Bernard Kouchner avait démenti dans un communiqué des propos rapportés par la radio RTL selon laquelle le ministre était écarté de certains dossiers et avait adressé en août à Nicolas Sarkozy une lettre de démission.

Toujours selon Le Nouvel Observateur, Bernard Kouchner remercie aussi dans sa missive le chef de l’Etat de lui avoir proposé le 3 août le poste bientôt à pourvoir de « Défenseur des droits », une fonction créée en juin par une loi organique. Il précise dans sa lettre y réfléchir, ajoute l’hebdomadaire.

Ce poste doit remplacer celui de Médiateur de la République. Il surpervisera trois institutions: Défenseur des enfants (créé en 2000), Commission nationale de déontologie de la Sécurité (CNDS, 2000) et la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité).

Le vote du ministre en faveur de l’UMP aux élections européennes de juin 2009 est dû à une injonction de Nicolas Sarkozy, a d’autre part raconté Bernard Kouchner à l’hebdomadaire. « Nicolas Sarkozy m’a téléphoné. Il m’a dit qu’en tant que ministre en charge des Affaires européennes je ne pouvais que soutenir la majorité présidentielle ».

Homme de gauche dans un gouvernement de droite, Bernard Kouchner, 71 ans le 1er novembre, avait déjà reconnu dans le passé avoir des difficultés avec notamment le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte. « Je ne vous dis pas que, de temps en temps, je n’enrage pas mais j’ai l’impression de travailler tout à fait correctement », avait-il ainsi dit en mai au quotidien Le Parisien.

Levif.be avec L’Express.fr

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