Répression musclée des manifestations au Burundi, le 29 avril 2015 © Reuters

La Belgique condamne la répression violente au Burundi

La Belgique a, par la voix de deux de ses ministres, exprimé mercredi sa « préoccupation » face à la situation au Burundi, en proie depuis dimanche à des manifestations d’opposants à un troisième mandat du président, alors que le Parti socialiste, dans l’opposition, a condamné la répression qui a fait au moins cinq morts au cours des derniers jours.

Les ministres des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, Didier Reynders et Alexander De Croo, ont affirmé dans un communiqué commun suivre « avec préoccupation la situation au Burundi ».

Samedi, la Belgique a été parmi les premiers pays à appeler à respecter la sphère publique et les droits de l’homme, alors que le parti du président, le Cndd-FDD, venait de désigner Pierre Nkurunziza comme candidat à l’élection présidentielle du 26 juin.

« La Belgique condamne toute forme de violence et d’intimidation commise envers les citoyens, l’opposition politique ou les défenseurs des droits de l’homme. La responsabilité individuelle de ceux qui commettent des actes violents ou des violations graves des droits de l’homme sera engagée », affirment les vice-Premiers ministres Reynders (MR) et De Croo (Open Vld).

« Tous les partis, acteurs et instances politiques doivent exclure la violence. Seules des élections pacifiques, inclusives et transparentes, organisées dans un esprit de tolérance et de respect des institutions, peuvent ramener le Burundi sur la voie suivie depuis la signature de l’accord d’Arusha et durant laquelle tant de progrès a été accompli », ajoutent-ils.

L’accord de paix pour le Burundi signé en 2000 à Arusha (Tanzanie), considéré comme la pierre faitière du processus de paix au Burundi et qui a mis fin à la guerre civile (1993-2006, qui a fait quelque 300.000 morts), énonce clairement qu’aucun président ne pourra diriger ce pays plus de dix ans. Mais la Constitution burundaise est moins claire et les supporters de M. Nkurunziza arguent que ce dernier, élu en 2005 au suffrage universel indirect – par le parlement – et réélu en 2010 au suffrage universel direct, n’a été élu qu’une seule fois directement. Il aurait donc droit à se présenter pour un nouveau mandat.

La décision de M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat « risque d’entraîner le pays dans le chaos et de perturber le bon déroulement des élections », a pour sa part prévenu le président du PS, Elio Di Rupo.

Il a appelé, dans un communiqué, au respect des accords d’Arusha et condamné fermement « toutes les atteintes aux libertés individuelles et les répressions sanglantes de ces derniers jours ».

Les manifestations contre un troisième mandat de M. Nkurunziza, qualifiées de « soulèvement » par le pouvoir, ont été émaillées de violences sporadiques. Les violences ont jusqu’ici fait cinq morts. Des centaines de personnes ont aussi été arrêtées. Un mandat d’arrêt contre le principal organisateur du mouvement anti-troisième mandat, Vital Nshimirimana, a été lancé.

Selon MM. Reynders et De Croo, la Belgique suit en particulier l’action menée par la Police nationale burundaise. La Belgique a investi, avec les Pays-Bas, dans un projet de professionnalisation de la police burundaise.

Au cours des dernières années, la Belgique a aussi financé plusieurs projets visant à soutenir une presse libre et professionnelle au Burundi. La liberté d’expression et la liberté de la presse sont essentielles lors du suivi du processus électoral.

Dans leur communiqué, les deux ministres expriment leur inquiétude quant aux mesures restrictives prises par le pouvoir à l’encontre de quelques radios indépendantes ainsi qu’à l’utilisation des médias sociaux via le trafic mobile de données. Ils demandent à ce que ces mesures soient levées « dès que possible ».

La Belgique estime que les prochaines élections au Burundi sont « d’une importance capitale » et apporte son soutien afin qu’elles puissent se dérouler le plus pacifiquement et inclusivement possible.

Elle apporte une contribution financière importante au bureau des droits de l’homme de l’ONU où des experts en matière de droits de l’homme suivent la situation de près. A travers la Coopération au développement, la Belgique finance également deux ONG burundaises pour le suivi du processus électoral. Grâce au soutien belge, 8.000 observateurs peuvent observer le processus électoral à travers tout le pays.

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