Les statues de Lénine vont être détruites. © BELGAIMAGE/Sergei Supinski

L’Ukraine vote des lois de « désoviétisation »

Stagiaire Le Vif

Le Parlement ukrainien vient d’adopter une série de lois visant à activer le processus de « désoviétisation » du pays

Presque 25 ans après la déclaration d’indépendance (août 1991), il semble que les autorités ukrainiennes soient bel et bien décidées à rompre rapidement avec le passé soviétique du pays. Le Parlement vient en effet d’adopter une série de mesures dites de « désoviétisation », qui ne demandent plus que la signature du président, Petro Porochenko, pour entrer en application.

La plus concrète, pour le peuple, est sans doute la « Condamnation du régime totalitaire communiste et de ses symboles ». Elle comprend l’interdiction de la propagande du régime soviétique ainsi que la suppression de « symboles » y rendant hommage, comme les monuments à la gloire de Lénine ou Staline, en passe d’être détruits. Les noms de localités et de rues faisant référence au communisme seront quant à eux modifiés.

Par ailleurs, les nouvelles lois ouvrent également l’accès aux « archives des organes de répression du régime communiste dans les années 1917-1991 ». Il s’agit ici de lever publiquement le voile sur les crimes et les agissements contraires aux droits de l’homme perpétrés par l’URSS à l’encontre des Ukrainiens, durant une période où plusieurs millions d’entre eux perdirent la vie.

Enfin, le gouvernement compte « glorifier la mémoire des combattants pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe siècle », qualifié de « traitre » par le Parti communiste de l’Union soviétique. Ils bénéficieront d’un statut juridique privilégié pour « services rendus à la nation ».

« Apprendre à dire la vérité sur le passé »

Jusqu’ici, les différents gouvernements ukrainiens ne s’étaient jamais réellement penchés sur la question d’une « désoviétisation » du pays, pensant, notamment, que cela provoquerait la zizanie au sein d’une population à l’idéologie fort peu uniforme.

Les récents événements, de la « Révolution de la Dignité » à l’intervention militaire russe dans l’Est du territoire en passant par l’annexion de la Crimée, ont cependant poussé l’État actuel à activer le processus. Et ce, en dépit de la désapprobation du Kremlin, qui l’accuse de « réécrire l’histoire ».

« Les Ukrainiens doivent apprendre aujourd’hui à dire la vérité sur leur passé, sur leur histoire, et avant tout accepter les vérités qui, durant des années, avaient été cachées par le pouvoir soviétique », pense Anna Dolya, spécialiste française de l’analyse géopolitique de l’Ukraine « Aujourd’hui, ils ont enfin la chance de se séparer de leur passé soviétique. »A.V.

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