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L’étau politique se resserre autour de Donald Trump

Le Vif

Donald Trump a dénoncé mercredi le mauvais traitement dont il serait l’objet, alors qu’il est accusé d’entrave à la justice et d’avoir divulgué des secrets aux Russes. Mais au Congrès comme à Wall Street, le comportement du dirigeant américain inquiète.

« Aucun homme politique dans l’histoire, et je dis cela avec beaucoup d’assurance, n’a été traité plus injustement », s’est plaint le 45e président des Etats-Unis lors d’un discours devant l’Ecole des gardes-côtes. Il a prodigué aux élèves ce conseil, inspiré par sa propre aventure politique: « Ne laissez jamais, jamais tomber ».

Ces phrases étaient la seule allusion du chef d’Etat, mercredi, à la crise qui ébranle sa présidence depuis la semaine dernière.

Le calendrier est d’autant plus inopportun que M. Trump doit s’envoler vendredi pour une tournée internationale de huit jours, en Arabie Saoudite, en Israël, au Vatican, à Bruxelles (sommet de l’Otan) et en Sicile (G7).

Mercredi, Wall Steet a terminé sur sa plus forte baisse depuis l’élection de novembre, le Dow Jones perdant 1,78% et le Nasdaq 2,57%.

Le dernier épisode a commencé le 9 mai, avec le limogeage soudain du directeur du FBI, James Comey. Le milliardaire a d’abord donné comme motif la gestion de l’affaire des emails d’Hillary Clinton avant d’admettre qu’il avait depuis longtemps décidé de se débarrasser du haut policier, dont le mandat courait pourtant jusqu’en 2023.

Le locataire de la Maison Blanche est exaspéré par la persistance de l’enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de son équipe de campagne et la Russie.

Puis on a découvert mardi soir, dans le New York Times, qu’il aurait demandé en février à M. Comey de classer l’enquête sur Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de jeux troubles avec les Russes. M. Comey aurait consigné cette tentative d’étouffer une enquête dans des notes, qui ont commencé à fuiter.

Le Congrès a immédiatement demandé au grand policier de venir témoigner lors d’auditions publiques la semaine prochaine, réclamant aussi la production de ces notes, devenues les documents les plus recherchés des Etats-Unis.

– ‘Un nouveau sommet’ –

A cela s’ajoute une affaire distincte, qui reflète selon les détracteurs du président son incapacité à exercer la fonction suprême.

Il a donné au chef de la diplomatie russe et à l’ambassadeur de Moscou, dans le Bureau ovale le 10 mai, des informations secrètes sur un projet d’opération du groupe Etat islamique. La Maison Blanche ne conteste pas le fond de ces révélations mais insiste sur le fait que le partage d’informations est une prérogative absolue du président.

Problème: une source de l’administration a confirmé à l’AFP que ces renseignements très secrets avaient été fournis par Israël, dont les sources sur le territoire de l’organisation jihadiste risquent ainsi d’être mises à jour.

En Israël, où M. Trump arrivera lundi, le gouvernement se gardait de tout commentaire.

Depuis la Russie, Vladimir Poutine a ironisé sur les batailles qui déchirent Washington et… proposé au Congrès de fournir la retranscription russe du rendez-vous du Bureau ovale pour prouver que rien de secret n’avait été divulgué par le président américain.

« Les événements des deux dernières semaines ont ébranlé ma confiance dans la compétence et la crédibilité de cette administration », a déclaré Chuck Schumer, chef de l’opposition démocrate du Sénat.

« Ce n’est que révélation après révélation, allégation après allégation de faute grave. Ces deux derniers jours, on a atteint un nouveau sommet ».

Au Congrès américain, la majorité républicaine continue de soutenir Donald Trump mais laissait filtrer son exaspération.

Les élus attendent le témoignage de James Comey, qui s’annonce comme déterminant pour l’avenir de la présidence Trump.

« Nous avons besoin des faits », a déclaré le président de la Chambre, Paul Ryan, appelant à garder la tête froide. Fait-il toujours confiance au président? « Oui », a-t-il dit.

Même sentiment au sein du gouvernement Trump. « C’est l’heure des preuves », a réclamé Nikki Haley, ambassadrice à l’ONU.

Des fissures commençaient cependant à apparaître dans la digue républicaine.

Une poignée d’élus sont désormais favorables, avec des démocrates, à la création d’une commission d’enquête indépendante sur tous les aspects de l’affaire russe.

L’un d’eux est le sénateur John McCain, qui a comparé la situation, par son ampleur, au scandale du Watergate qui fit tomber Richard Nixon en 1974.

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