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« Guantanamo Diary » : torture et faux aveux au sommaire

Un Mauritanien détenu à Guantanamo depuis près de 13 ans raconte comment il a été torturé et poussé à de faux aveux dans un journal intime qui sera publié mardi et dont le quotidien britannique The Guardian a publié de larges extraits samedi.

Mohamedou Ould Slahi, arrêté en 2001 en Mauritanie avant d’être emprisonné successivement en Jordanie, en Afghanistan et à Guantanamo, décrit ce qu’il appelle sa tournée mondiale de la torture et de l’humiliation. Le Mauritanien de 44 ans, membre d’Al-Qaïda, affirme dans son manuscrit écrit en anglais qu’il a été torturé, battu, humilié et menacé de mort à de nombreuses reprises.

Il dit avoir été soumis en 2003 à des « techniques d’interrogatoire additionnelles », qu’il a été forcé de boire de l’eau salée et qu’il a été emmené en mer pour y être roué de coups pendant trois heures. Il raconte aussi que, pour faire cesser les tortures, il a fait de faux aveux en déclarant avoir planifié un attentat contre la tour CNN à Toronto.

« Guantanamo Diary » est présenté comme étant le premier livre publié à avoir été écrit par un homme toujours emprisonné dans le centre de détention militaire. Il doit paraître dans 20 pays, après une longue procédure pour faire déclassifier le document. Selon le Guardian, le livre a été retouché et amendé à plus de 2.500 reprises. Le quotidien ajoute que les éditeurs espèrent pouvoir publier une version non expurgée une fois que Mohamedou Ould Slahi sera libéré.

En mars 2010, un juge fédéral américain l’avait blanchi, ouvrant la voie à sa libération. Mais quelques mois plus tard, une cour d’appel a cassé la décision et décidé qu’il devait rester en détention.

Mohamedou Ould Slahi est arrivé à Guantanamo en août 2002 après un séjour de deux semaines dans la prison américaine de Bagram en Afghanistan. Il a été emprisonné parce qu’il aurait participé, selon l’administration, à la « cellule de Hambourg », liée aux attentats du 11-Septembre 2001.

Les avocats de Mohamedou Ould Slahi avaient déjà dénoncé en mars 2008 les « tortures sévères » subies par leur client, en Jordanie puis à Guantanamo. Ils avaient assuré que son dossier était « tellement sale et insoutenable » qu’un procureur militaire « a dû renoncer, eu égard aux formes cruelles de tortures pratiquées contre lui », à le poursuivre en justice.

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