La fusillade à l'Umpqua Community College de Roseburg, Oregon a fait 10 morts et 7 blessés. © REUTERS

Fusillade en Oregon: « Obama ne peut rien changer, il n’est qu’une poupée en chef »

Ce énième massacre aux États-Unis met Barack Obama en colère, qui déplore ces fusillades « routinières ». Mais peut-il pour autant changer quelque chose aux lois ultralibérales sur les armes à feu? Trois questions à notre correspondant aux États-Unis, Rudi Rotthier. « Les partisans pro-armes se voient comme des combattants de la liberté, contre un gouvernement qui impose ses lois aux gens. »

Trois questions à Rudi Rotthier, correspondant aux États-Unis pour Knack.be, sur la fusillade dans l’Oregon dans laquelle dix personnes ont perdu la vie.

Barack Obama est en colère, peut-on lire. Mais peut-il changer quelque chose aux lois sur les armes?

La réponse est simple: non, il ne peut rien y changer. La majorité républicaine est contre un resserrement, reprenant les arguments de la National Rifle Association: « ce ne sont pas les armes qui tuent, ce sont les gens », ou encore « il y a besoin de plus d’armes pour que les gens puissent se défendre contre les fous ». Après Charleston, l’un des représentants de la NRA a fait porter la responsabilité aux victimes: ils auraient dû emporter des armes lors de leurs cours de religion.

Il y a certes des avancées régionales. Les fusillades créent un choc émotionnel. Après la tentative d’assassinat contre Ronald Reagan, la loi s’est également resserrée sous Bill Clinton. Mais les effets se sont étiolés avec le temps.

Obama pensait que le massacre dans l’école primaire de Sandy Hook, fin 2012, serait le moment idéal pour passer en force. Il avait trouvé une proposition de compromis avec la majorité. Mais le lobby des armes a fait son boulot, et juste avant les élections de 2014, certains sénateurs ont changé de camp. Une réforme en profondeur n’est pas prête d’arriver.

Aujourd’hui, le président n’est rien de plus qu’une « poupée en chef »…

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Les lois sur les armes ne sont-elles pas sous pression avec les fusillades à répétition?

Il y a, comme sur de nombreux sujets aux États-Unis, une société à deux vitesses. Beaucoup d’Américains regardent les Européens et voient un lien entre le contrôle des armes et la diminution des massacres. Mais pour d’autres, le second amendement de la Constitution, sur la libre possession des armes, est sacro-saint.

Thomas Jefferson a dit, je le cite de mémoire, que le but de cet amendement est que le peuple s’autorégule et se prévienne de futures révolutions. Les Américains craignent qu’un Hitler se cache derrière les tentatives de toucher au second amendement (et c’est à prendre à la lettre, j’ai déjà vu dans un café du Wyoming tout un exposé sur la façon dont Hitler avait fait restreindre la possession d’armes). Ils se voient comme des combattants de la liberté, contre un gouvernement qui impose ses lois aux gens.

Le lobby pro-armes peut argumenter que des États progressistes comme le Vermont -d’où vient le candidat présidentiel socialiste Bernie Sanders qui y a été élu comme sénateur- peuvent jouir des lois sur les armes les plus permissives du pays sans que cela ait conduit à des situations de violences ou des meurtres. La possession non réglementée d’armes ne conduirait donc pas à des massacres. Mais le Vermont est une zone rurale peu peuplée, par une large proportion de hippies mangeurs de glace. Ce qui n’est pas vraiment typique du reste du pays.

Est-ce que cela sera un sujet important pour les prochaines élections présidentielles?

Probablement, selon les lignes des différents partis. Les Démocrates sont pour des lois plus sévères, les Républicains contre. Les candidats démocrates ont déjà démontré par le passé leur volonté de faire de meilleurs scores dans les États pro-armes. En 2004, John Kerry, ancien candidat démocrate, avait été photographié avec une arme à feu. Mais aujourd’hui, tous les démocrates ont appelé à une législation plus stricte, tandis que tous les républicains y sont opposés.

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