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Explication des enjeux énergétiques dans la situation en Crimée

Stagiaire Le Vif

Outre l’aspect idéologique et géopolitique, les tensions en Crimée ont également des causes économiques et énergétiques comme c’est souvent le cas avec la Russie. C’est en partie ce qui a poussé le pouvoir de Moscou à mobiliser ses troupes à la frontière. Explication et décryptage.

La Russie est le plus grand exportateur de gaz au monde et le pays base une bonne partie de son économie sur ce secteur. En effet, selon les chiffres de la CIA, la Russie a exporté 196 milliards de m³ de gaz en 2012. Cependant, dans cette optique les russes sont aussi tributaires d’accords internationaux signés avec des pays par lesquels passent les gazoducs servant au transport. Pour l’Europe, les deux gazoducs russes passent par la Biélorussie et … l’Ukraine.

Autre fait important : l’Europe toute entière est dépendante du gaz russe dans son importation. Ainsi, plusieurs projets d’accords avec d’autres pays sont en cours d’étude afin de supprimer cette dépendance gênante. On peut donc raisonnablement supposer que cette menace russe sur la Crimée est en partie due à cela. Ce serait une façon pour la Russie de faire pression sur l’Ukraine afin qu’elle ne renie en aucun cas les accords de transport du gaz russe, ce que les autorités ukrainiennes ont d’ailleurs fait ce matin à un point presse en déclarant que « La situation en Crimée n’affectera pas l’acheminement du gaz. »

De plus, l’Ukraine dépend aussi de la Russie et doit d’ailleurs à son voisin une somme avoisinant les 1,5 milliards de dollars (1,12 milliards d’euros) pour des fournitures en gaz. La menace de coupure dans l’approvisionnement de cette matière précieuse ainsi que les pressions en Crimée sont donc des moyens pour Moscou de continuer à dicter la conduite de l’Ukraine quant à un rapprochement avec l’Union Européenne, tout en élaborant leurs projets de contrôle géopolitique par un accès direct à la mer Noire qui jouxte la Crimée. Poutine fait donc d’une pierre deux coups dans cette histoire.

Le seul moyen pour l’Ukraine de se sortir de cette situation difficile serait de trouver un substitut au gaz Russe pour son importation. D’où un rapprochement récent avec le Turkménistan qui possède des réserves abondantes.

Par ailleurs, Gazprom a décidé de mettre fin à partir du mois d’avril à la baisse du prix du gaz vendu à l’Ukraine a annoncé ce mardi le patron du géant russe, Alexeï Miller.

Un lien avec la guerre en Syrie

Ce n’est cependant pas la première fois que Moscou fait pression sur un pays pour préserver ses intérêts gaziers. En effet, la réticence russe marquée lors des réunions du G20 quant à une intervention en Syrie peut s’expliquer par ces mêmes enjeux comme l’explique cette vidéo réalisée par le site internet www.lavie.fr/ .

Cette vidéo explique que pour contourner la dépendance au gaz russe, l’Union Européenne envisagerait un accord avec le Qatar. Le projet comporterait la création d’un gazoduc passant par l’Arabie Saoudite et la Turquie et traversant … la Syrie. Bachar al-Assad, allié de la Russie a rejeté ce projet en bloc et ainsi, une changement à la tête du régime de Damas signifierait que la Russie n’a plus de garantie pour que ce projet euro-qatari ne voie pas le jour. Cela pourrait menacer son monopole énergétique en Europe. Au contraire, cela explique le soutien massif du Qatar aux révolutionnaires en Syrie.

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Olivier Eggermont (st.)

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