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Emoi en Bolivie après l’assassinat d’un vice-ministre par des mineurs

Le Vif

L’assassinat par des mineurs boliviens d’un vice-ministre venu dialoguer avec des manifestants qui bloquaient des axes routiers a provoqué l’émoi du gouvernement d’Evo Morales, qui a décrété vendredi un deuil national de trois jours.

Le président Evo Morales a fait part vendredi de son « profond rejet des actes commis ces derniers jours » et de la « douleur profonde ressentie par le peuple bolivien », après la séquestration et l’assassinat de Rodolfo Illanes.

Ce dernier épisode sanglant d’un conflit récurrent entre gouvernement et exploitations minières est « une conspiration politique », a dénoncé le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse. Un deuil national de trois jours, sans suspension d’activité, a été décrété dans la foulée.

Le vice-ministre se rendait sur les lieux de la manifestation, un important axe routier à Panduro, un village de haute altitude situé à environ 200 km au sud-est de la capitale La Paz. Dépêché par le gouvernement, Rodolfo Illanes venait négocier avec les mineurs qui bloquaient depuis plusieurs jours des routes afin de marquer leur opposition à une récente réforme du droit travail.

Jeudi, les mineurs avaient annoncé que deux des leurs avaient été tués dans les violents affrontements avec les forces de l’ordre.

Selon le gouvernement, le vice-premier a été intercepté par les mineurs qui l’ont séquestré puis assassiné. M. Illanes a ensuite été « humilié, torturé et battu à mort (…) selon les informations que nous avons », a détaillé le ministre de la Défense Reymi Ferreira.

M. Illanes « était persuadé que la rencontre avec certains représentants de mineurs permettrait d’instaurer un dialogue avec le gouvernement (…) mais il a été intercepté par des mineurs et emmené sur une colline », a précisé le ministre de l’Intérieur Carlos Romero, évoquant un « acte criminel sans précédent ».

– ‘Pas impuni’ –

Le garde du corps de M. Illanes, dépouillé de son arme, est parvenu à prendre la fuite et a été hospitalisé à La Paz.

« Nous essayons dans un premier temps de récupérer le corps de M. Illanes par la voie du dialogue », a annoncé M. Ferreira, démentant avoir envoyé des militaires pour chercher la dépouille du vice-ministre.

« 100 à 120 personnes ont été arrêtées », d’après lui et « les meneurs ont été identifiés ».

« Cet acte ne restera pas impuni, il y aura des sanctions pénales », a enfin averti le ministre de la Défense. Cinq procureurs ont été envoyés sur les lieux, a annoncé le procureur général Ramiro Guerrero.

Rodolfo Illanes, avocat pénaliste de 56 ans, avait pris son poste de vice-ministre en mars et devait jouer un rôle de médiateur dans ce conflit avec les mineurs.

Depuis plusieurs jours, ceux-ci bloquaient plusieurs routes afin de protester contre une réforme du droit du travail qui instaure, notamment, la création de syndicats au sein des coopératives de mineurs, ce que ces derniers refusent.

Selon le ministre de l’Intérieur, les propriétaires de concessions minières cherchent en réalité à recevoir à louer à des entreprises privées et étrangères, ce qui est interdit par la Constitution.

Ces trois derniers jours, des échauffourées opposant les forces de l’ordre et les manifestants ont également eu lieu dans le centre du pays à Cochabamba. Une vingtaine de policiers ont été blessés et deux d’entre eux sont toujours officiellement séquestrés.

Les affrontements sont récurrents dans les exploitations minières en Bolivie autour de la propriété de ces sites, que ce soit entre travailleurs privés et membres de coopératives, entre les coopératives et les ouvriers d’État, ou encore entre les coopératives et les indigènes ou riverains vivant près des sites d’exploitation.

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