De Gaulle aurait adoré le BREXIT

Ayant vécu en leur sein pendant la Deuxième Guerre mondiale, Charles de Gaulle connaissait bien nos amis anglais. Commerçants dans l’âme ; au plus près de leurs intérêts. Pragmatiques et peu altruistes (l’adjectif solidaire n’existe pas en anglais). Utilitaristes. Obsédés par leur Empire qui commençait à s’émietter… Mais quel esprit ! Quelle subtilité dans la négociation, art le plus noble de l’être humain !

Lorsqu’il s’est agi de les faire rentrer dans la Communauté européenne, le grand Charles a vu juste : ce serait comme laisser pénétrer le renard dans le poulailler. La Grande-Bretagne aurait forcément un pied dedans un pied dehors, profitant des avantages tout en évitant les inconvénients. C’est pourquoi le grand homme a mis son veto deux fois à l’entrée du Royaume-Uni dans la CE: en 1963 et en 1967. Les sombres prévisions du Général se sont révélées exactes. La Grande-Bretagne a obtenu un statut à part. Elle n’est pas dans l’euro, ni dans Schengen, elle ne participe pas à l’union bancaire, elle choisit quasiment à la carte ce qu’elle veut de l’Union comme, récemment, sa propre politique d’immigration (notamment intra-européenne pour laquelle elle a obtenu des allocations familiales réduites). Peut-on l’en blâmer ? Margareth Thatcher a eu en son temps sa « money back » bien que la Grande-Bretagne verse encore plus de 7 milliards d’euros en tant que contributeur net.

Or voici venue la possibilité d’un Brexit via un référendum que d’ailleurs le gouvernement britannique pourrait superbement ignorer.

Dehors les Angliches ? De Gaulle doit se retourner (mais du bon côté) dans sa tombe

Au contraire de la presse britannique (le prestigieux Times notamment) majoritairement favorable au lâchage des amarres avec une superstructure européenne vécue comme encombrante et même dangereuse (45% des articles de journaux abordant le sujet sont favorables à un BREXIT, tandis que 27% s’expriment plutôt en faveur d’un maintien du pays au sein de l’Union), le « Leave » est présenté, sur le continent, essentiellement comme une catastrophe tant pour les Brits’ que pour nous.

La Belgique perdrait 60.000 emplois derechef et subirait, selon ING, un recul de 0,5% de son PIB d’ici 2017, soit 2 milliards d’euros de perte. Le BREXIT aurait pour conséquence la perte de 0,3% de croissance dans la zone euro d’ici 2017. Selon la Fondation Bertelsmann, le PIB par habitant chuterait en UK de près de 3% ; l’investissement des entreprises idem. Sans un de ses poids lourds, et le seul fan absolu de l’économie de marché, l’Union serait moins géante qu’aujourd’hui et se collectiviserait. Le seul avantage irait à Francfort qui s’étofferait en avalant une partie de l’activité de la place financière de Londres. Le Grand-Duché, lui aussi, tout en jurant les grands Dieux son attachement à l’Union avec les Britanniques fourbit ses armes de place financière de rechange. Un séisme financier, dit-on à la Commission car sésame pour les populistes européens (Si les Britanniques osent, pourquoi pas nous).

Alors que la Grande-Bretagne exporte plus de la moitié de sa production vers l’UE et y importe 27% de son alimentation, le BREXIT serait donc à l’évidence une aventure hasardeuse, tant pour les Britanniques que pour les Continentaux.

Mais forte d’un impôt des sociétés à 17%, un taux de chômage très inférieur à l’UE et des salaires plus élevés (1.529 euros contre 1.467 euros en France), la Grande-Bretagne a aussi des atouts. Son poids démographique relativement modeste à l’échelle du monde est comparable à celui de la Corée du Sud, miracle économique asiatique.

Donc, à l’heure où rien n’est fait, si on lit les nombreux experts et contre-experts, tenants d’une thèse ou de son contraire, bien malin qui pourrait dire si la Grande-Bretagne tirerait les marrons du feu d’une sortie de l’Europe.

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