L'hôtel Intercontinental de Kaboul. © Xinhua

Attaque d’un hôtel à Kaboul: 12 heures de cauchemar et au moins 18 morts

Le Vif

Au moins 18 personnes, dont 14 étrangers, ont péri dans l’attaque dans la nuit de samedi à dimanche de l’hôtel Intercontinental à Kaboul, selon un nouveau bilan de cet attentat revendiqué par les talibans.

« Quatorze étrangers et quatre Afghans ont été tués », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Najib Danish, à la chaîne Tolo news, sans préciser les nationalités. L’attentat, qui a duré une douzaine d’heures, a été revendiqué par les talibans.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Pavlo Klimkine, a fait état sur Twitter de « six citoyens ukrainiens » tués dans l’attaque.

« Je viens d’informer le président (Petro Porochenko, ndlr) que six citoyens ukrainiens ont été tués dans l’attaque de l’hôtel à Kaboul. Nous travaillons avec les forces de l’ordre de l’Afghanistan afin d’éclaircir les circonstances de cet acte terroriste », a écrit M. Klimkine sur Twitter.

Auparavant, un responsable du ministère des Affaires étrangères à Kiev, Vasyl Kyrylych, avait indiqué que « plusieurs Ukrainiens » figuraient parmi les victimes.

Un précédent bilan de l’attentat faisait état de 5 morts, mais les autorités avaient précisé ne pas avoir terminé de fouiller l’hôtel à la recherche de victimes.

La violence de l’attaque laissait d’emblée craindre un bilan beaucoup plus lourd avec des assaillants dépeints comme tirant à vue dans la salle à manger avant de forcer les chambres pour prendre des clients en otages, parfois immédiatement abattus. Ils avaient en outre déclenché un incendie au quatrième étage qui a duré une bonne partie de la nuit.

Selon M. Danish, le commando était composé de six hommes. L’attaque n’a pris fin que plus de douze heures plus tard, vers 09H30 dimanche (06H00 GMT), une fois les assaillants abattus par les unités afghanes avec le soutien de la coalition occidentale sous mandat de l’Otan – la Norvège notamment a annoncé avoir contribué au dénouement.

« L’attaque est terminée, tous les assaillants ont été tués, 126 personnes ont été secourues dont 41 étrangers », avait auparavant annoncé M. Danish. Il a précisé que six membres des forces spéciales afghanes, réputées pour leur excellence, ont été blessés.

Le porte-parole des taliban Zabiullah Mujahid a revendiqué l’opération dans un message affirmant que l’hôtel était « plein d’envahisseurs américains et d’autres nationalités » et que l’attaque a tué des « dizaines » d’entre eux.

Equipages manquants

La compagnie aérienne afghane Kam Air a déploré « seize disparus parmi les 42 membres de son personnel qui se trouvaient dans l’hôtel, dont des pilotes et membres d’équipage », a expliqué à l’AFP son PDG, le capitaine Samad Usman Samadi.

La compagnie a évoqué un peu plus tard « des morts et des blessés ».

Selon M. Danish, « le commando est arrivé par le nord pour entrer dans l’hôtel par la cuisine avant de gagner le hall où il a ouvert le feu sur les clients et les gardes de sécurité ».

L’électricité a été coupée dans le quartier et l’hôtel, situé sur une colline de l’ouest de Kaboul, plongé dans l’obscurité toute la nuit à l’exception de hautes flammes qui s’échappaient du toit.

« Je suis sorti, mais plus d’une centaine de mes collègues et amis sont toujours entre la vie et la mort. Priez pour eux s’il vous plaît », a écrit sur Facebook un client rescapé, Aziz Tayeb.

Sur Twitter, des proches angoissés demandaient des nouvelles des leurs séjournant dans l’établissement. De Washington, le département d’Etat appelait à signaler l’éventuelle présence d’Américains.

Gardes inexpérimentés

Au terme d’une nuit de cauchemar, le jour s’est levé sur la façade en partie noircie du bâtiment.

Un comptable de l’hôtel qui s’est échappé grâce à sa connaissance des lieux a mis en cause la sécurité de l’hôtel, affirmant à l’AFP que « les gardes se sont sauvés sans combattre, ils n’ont pas riposté, ils n’avaient aucune expérience ».

Selon M. Danish, une nouvelle compagnie privée était chargée depuis début janvier de la sécurité de l’hôtel, jusqu’alors assurée par les forces gouvernementales.

« Nos équipes enquêtent pour comprendre comment les terroristes se sont infiltrés. S’il y a eu des négligences, elles seront sanctionnées ».

L’Intercontinental de Kaboul, l’un des deux cinq étoiles de la ville, accueille fréquemment des mariages, des conférences et des réunions politiques. Sa terrasse illuminée dominant la ville est particulièrement prisée des classes aisées.

L’établissement, ouvert en 1969, avait déjà été visé en juin 2011 par une attaque des talibans qui avait fait 21 morts.

Des mises en garde précises avaient été lancées depuis 48 heures concernant le risque d’attaques contre des lieux fréquentés par les étrangers. Elles avaient conduit l’ONU et certaines ambassades à décréter l’état d’alerte.

La dernière attaque contre un grand hôtel, en mars 2014, avait visé l’autre cinq étoiles de Kaboul, le Serena. Neuf personnes avaient été tuées, dont un journaliste de l’AFP et sa famille.

La violence reste endémique en Afghanistan, seize ans après le débarquement des Occidentaux fin 2001. Dans le nord du pays, à Balkh, au moins 18 policiers ont été enlevés et abattus dans la nuit de samedi à dimanche par des insurgés talibans dans un village, selon le chef adjoint de la police, Abdul Raziq Qaderi.

A Herat (ouest), au moins huit civils ont péri dans l’explosion de leur véhicule qui a sauté sur une mine, imputée aux talibans par des responsables locaux.

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