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Quand les traumatismes font perdre la langue

Les mystères du cerveau nous étonneront toujours. Récemment, deux histoires nous laissent sans voix. Entre une Britannique qui se met à parler anglais avec un accent chinois et une jeune croate qui se réveille d’un coma en parlant allemand, notre matière grise est loin d’avoir révélé tous ses secrets.

Notre cervelle se joue de nous et laisse les spécialistes perplexes. En Angleterre, après une grave migraine, une femme âgée de 35 ans a commencé à s’exprimer en anglais avec un accent chinois. Victime du syndrome de l’accent étranger, elle n’a toujours pas retrouvé son accent initial. .

Sarah Colwill réside à Plymouth au sud-ouest de l’Angleterre. Au mois de mars dernier, elle a perdu l’intonation distinctive de sa région au profit d’un accent chinois. Elle n’a pourtant jamais mis les pieds en Chine. Après avoir souffert d’une crise de migraine qui lui aurait causé des dommages au cerveau, elle suit une thérapie du langage.

Difficile à croire, Sarah Colwill est formelle : « J’ai déménagé à Plymouth quand j’avais 18 ans, donc j’ai toujours parlé comme une habitante du coin, mais après une crise de migraine, des ambulanciers sont arrivés et m’ont dit que je parlais vraiment comme une Chinoise ».

Emmenée à l’hôpital, la jeune femme à eu l’occasion de discuter par téléphone à sa fille. Mais contre toute attente, Sarah Colwill a expliqué à la presse que sa propre fille ne l’a même pas reconnue. Elle a également confié : « Depuis l’incident, mes amis raccrochent au téléphone parce qu’ils pensent avoir affaire à un canular ».

Cet accent l’a donc amusée les premières semaines, mais aujourd’hui, l’idée de conserver cette intonation chinoise n’a rien de réjouissant selon elle. L’air déprimé, elle a avoué : « Ma voix commence à m’agacer maintenant. Ce n’est pas la mienne. »

D’après certains experts, le syndrome de l’accent étranger est généralement associé à des traumatismes cérébraux. Il a été identifié pour la première fois au début du 20e siècle et quelques dizaines de cas dans le monde auraient été recensés depuis.

Un coma qui fait parler allemand

Après l’improbable accent chinois, c’est au tour de l’allemand de s’imposer. En Croatie ce mi-avril, une adolescente de 13 ans est tombée dans le coma durant 24 heures. A son réveil, elle parlait couramment allemand. Voici ce que révélait hier un article du Monde.

Stupéfiant ! La collégienne venait à peine de débuter l’apprentissage de la langue de Goethe à l’école. Férue de cette discipline, elle lisait des ouvrages et regardait la télévision allemande. Mais de là à parler couramment la langue… Son entourage et l’équipe médicale restent abasourdis. « Depuis, elle ne communique qu’en allemand et pas en croate même si elle le comprend. Elle répond à toutes les questions dans un allemand trop riche pour une fille de son âge et de son niveau d’instruction », affirment plusieurs soignants sous couvert d’anonymat. Certains se rassurent : « depuis quelques jours, elle recommence à parler croate ».

Notre cerveau est un magnétophone

Malgré un temps d’apprentissage court, l’adolescente croate a dû assimiler l’allemand même sans en avoir conscience. Selon Mijo Milas, neuropsychiatre croate interrogé par Le Monde : « Son cerveau a, sans doute, ingurgité davantage de connaissances en allemand que ce qui apparaissait à la surface. Elle a dû assimiler, un peu comme un magnétophone en mode enregistrement, davantage que ce qu’elle avait été capable de reproduire consciemment ».
Les scientifiques qui s’intéressent à ces phénomènes ne sont pas surpris. Loin d’être de la science-fiction, ce cas pourrait illustrer l’existence d’une capacité non-consciente d’apprentissage. Alors qu’il existe d’immenses zones d’ombre concernant l’étude des sciences cognitives, les chercheurs espèrent que l’avènement des nouvelles technologies facilitera les recherches dans les années à venir…

LeVif.be, avec Belga

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