Une partie de l'escadrille qui va disparaitre en mer Atlantique. © Fort Lauderdale Museum

Il y a 70 ans naissait le mythe du Triangle des Bermudes

Le Vif

Le quotidien anglais The Independent revient sur la naissance du mythe du Triangle des Bermudes. Septante ans après le crash de cinq avions dans cette région de l’Atlantique, le mystère semble être résolu, du moins, pour certains.

5 décembre 1945, un groupe de cinq bombardiers-torpilleurs Avenger et leurs 14 pilotes disparaissent dans l’Atlantique alors qu’il effectuait une patrouille de routine en Floride, aux États-Unis. Le dernier message laconique, aussi bizarre qu’alarmant envoyé par le pilote à la tour de contrôle : « Tout semble étrange. C’est comme si on entrait dans de l’eau blanche . On est complètement perdu. » Malgré des fouilles intensives, on n’a jamais retrouvé ni les avions, ni les corps des aviateurs.

Pendant des années, la disparition mystérieuse du dénommé Vol 19 a attisé les théories les plus farfelues. La zone est devenue réputée pour être le théâtre de phénomènes paranormaux répétés. Après la perte de ces cinq avions, trois autres appareils ont disparu en 1948 et en 1949. De plus, un yacht de plaisance, le Connemara IV, a été retrouvé dérivant sans son équipage en 1955. Et deux ans plus tard, deux stratotankers de l’US force se sont « évaporés » dans cette zone située à l’intérieur d’un triangle formé par l’archipel des Bermudes, Miami et San Juan à Porto Rico.

Il y a 70 ans naissait le mythe du Triangle des Bermudes
© DR

Dans la presse, les théories vont bon train pour tenter d’expliquer la cause de ces accidents: perturbations magnétiques, tempêtes tropicales, Gulf Stream imprévisible…mais c’est en 1963 que le journaliste Vincent Gaddis forge l’appellation « Triangles des Bermudes » en publiant son article « The Deadly Bermuda Triangle », dans le magazine Argosy. Les esprits s’enflamment. L’auteur y parle de forces surnaturelles à l’oeuvre dans cette région de l’océan, engloutissant bateaux et avions s’y aventurant. On est alors en pleine guerre froide et en pleine crise des missiles de Cuba, un moment propice aux théories conspirationnistes. A cette époque, la NASA et la science donnent des explications à des phénomènes jusque-là inexpliqués alors que le Triangle des Bermudes défie toute logique. Dans la foulée, de nombreux ouvrages sur le sujet sont publiés, beaucoup deviennent des best-sellers comme celui, en 1974, de Charles Berlitz « The bermuda Triangle ». Vendu à plus de 20 millions d’exemplaires, il marque le début d’une série d’enquêtes et de contre-enquêtes sur le sujet.

Septante ans plus tard, la vérité semble bien éloignée de toutes les fantaisies distillées au cours des dernières décennies. En analysant les conversations des pilotes enregistrées ce jour-là, on arrive à reconstituer les derniers moments du groupe de bombardiers. Un des membres de l’équipe a avoué « ne pas savoir où il se trouvait« . Le pilote-instructeur de l’escadrille, le lieutenant Charles Taylor, pourtant chevronné, déclare quelques minutes plus tard : « Je ne sais pas où nous sommes. On a dû se perdre après le premier virage« . Et : « Mes deux compas sont en panne. Je cherche à rejoindre Fort Lauderdale, en Floride. Je suis au-dessus de terre, je pense être au-dessus des Keys, mais je ne sais pas où exactement et je ne sais pas comment rejoindre Fort Lauderdale. » La conversation est alors perdue avec la tour de contrôle. Les derniers moments du Vol 19 ne relèvent que de la spéculation : les avions sont vraisemblablement tombés dans l’océan.

Une erreur humaine

Ce ne sont donc pas des forces maléfiques qui ont englouti les appareils, mais bien une erreur humaine. Le lieutenant Taylor croyait en effet survoler les Keys en Floride, alors qu’il avait pris un cap l’amenant en pleine mer à des kilomètres de là au-dessus des îles Bahamas. Le pilote était basé auparavant à Miami et ne connaissait pas bien la topographie de Fort Lauderdale. Il semblerait que les avions d’exercice, dépourvus d’éléments de navigation, se soient tout simplement perdus en mer après que le compas de Taylor, soit tombé en panne et que les avions aient été à court de fuel. L’enquête rappelle que le lieutenant Taylor avait tendance à voler à l’intuition et s’était déjà perdu. Il avait même déjà dû se poser en pleine mer et être secouru.

Un à un, les mystères entourant le Triangle des Bermudes, se dissipe. Ainsi, le vaisseau Connemara IV a sombré à cause d’un ouragan. Les deux stratotankers de l’US force, de leur côté, sont entrés en collision et se sont crashés dans l’Atlantique. De plus, les statistiques avancent qu’il n’y a pas plus d’accidents dans cette zone de l’océan qu’ailleurs dans le monde. Selon un rapport du World Wide Fund for Nature en 2013, le Triangle des Bermudes ne fait même pas partie des 10 endroits les plus dangereux pour la navigation.

Des explications rationnelles qui n’arrivent pourtant pas à convaincre les plus fervents adeptes des théories du complot et encore moins le journaliste Vincent Gaddis, qui n’a jamais accepté la conclusion de l’enquête sur le Vol 19. Il a continué à croire à l’action de forces surnaturelles dans cette zone maritime jusqu’à sa mort, en 1997.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire